Recension de L’architecte invisible : Comment l’ADN façonne notre personnalité de Robert Plomin par Kathryn Paige Harden, professeure de psychologie à l’Université du Texas[1].
Les Romains invoquaient Fortuna, la déesse de la chance, pour expliquer l’inexplicable ; les voyants étudient les feuilles de thé pour prédire l’imprévisible. Dans L’architecte invisible : Comment l’ADN façonne notre personnalité, Robert Plomin défie les anciens et les mystiques, en promettant que votre fortune peut être prédite et expliquée par vos gènes.
Plomin est un psychologue qui a bâti sa réputation scientifique sur des études de jumeaux et d’adoption portant sur l’intelligence, la réussite scolaire et les problèmes de santé mentale. Dans un livre qui vous invite à travailler « dans le sens du poil » de vos dons uniques, les talents de scientifique de Plomin apparaissent clairement dans la première moitié de l’ouvrage, dans laquelle il raconte les principaux projets de sa carrière tentaculaire – d’abord une étude sur des enfants adoptés dans le Colorado, puis une étude sur des frères et sœurs adolescents à l’échelle des États-Unis, et enfin une étude sur des jumeaux au Royaume-Uni.
Un lecteur novice en la matière apprendra beaucoup de ces premiers chapitres sur la logique des études de jumeaux et les « grandes découvertes » de la génétique comportementale. La plus grande découverte de toutes est que « tout est héritable ». Si vous aviez hérité d’un ADN différent, vous seriez différent, et pas seulement en termes de couleur des yeux et de taille. Vous seriez peut-être plus intelligent et plus extraverti ; vous regarderiez peut-être moins la télévision et consommeriez moins d’alcool ; votre femme ne vous aurait peut-être pas quitté et votre chien ne vous aurait peut-être pas mordu.
En grande partie grâce au travail scientifique considérable de Plomin, cette conclusion concernant l’impact omniprésent des gènes n’est plus aussi controversée scientifiquement. Et, comme le décrit son premier chapitre, ce n’est pas vraiment une nouveauté. La plupart des gens croient déjà que notre poids, notre intelligence et notre personnalité ont au moins quelque chose à voir avec nos gènes. Néanmoins, de nombreux lecteurs ressentiront un frisson réactionnaire à la lecture de L’architecte invisible. Plomin enfreint un tabou universitaire en affirmant sans ambages que les différences génétiques doivent être prises au sérieux lorsque nous essayons de comprendre la vie des gens.
Ce tabou a, bien sûr, de bonnes raisons d’exister. La recherche génétique sur le comportement humain est mêlée, tant dans les faits historiques que dans l’imaginaire populaire, aux horreurs de l’eugénisme. Plomin élude cette histoire. Il évite également toute mention des races, sujet de controverse typique des livres de génétique. Ces deux omissions sembleront irresponsables à de nombreux lecteurs, en particulier aux États-Unis, où les divisions raciales sont importantes. Le racisme scientifique n’a jamais disparu et toute discussion sur les influences génétiques attire involontairement une nuée de fanatiques d’extrême droite. Mais ces omissions pourraient être interprétées de manière plus charitable comme le fait d’un auteur s’en tenant sagement à ce qu’il sait : les résultats de Plomin issus des études de jumeaux et d’adoption ne sont vraiment pas pertinents pour comprendre les disparités raciales. En outre, L’architecte invisible n’a pas besoin de parler de race pour susciter la controverse.
Plomin mentionne à peine la métaphore de l’ADN en tant que plan d’architecture, et c’est tant mieux. (Un plan est un dessin technique où chaque point a une relation directe avec un seul élément du produit fini – et ne fonctionne donc pas comme l’ADN). Au lieu de cela, il revient sans cesse sur l’ADN comme un « oracle » qui est « fiable à 100 % » et qui peut « prédire votre avenir dès la naissance ». L’affirmation d’une fiabilité parfaite étonnera, par exemple, la Food and Drug Administration américaine, qui a mis en garde contre le risque de résultats inexacts des tests génétiques offerts directement aux consommateurs. De plus, la prétention de « prédire l’avenir » surestime radicalement l’état de la science actuelle. Le meilleur « oracle de l’ADN » (c’est-à-dire un score polygénique) peut à ce jour prédire le niveau de diplôme futur d’un enfant un peu mieux que le revenu de ses parents[2]. C’est mieux que rien, certes, et c’est un témoignage remarquable des progrès réalisés en génétique humaine. Mais c’est encore loin d’être un outil de voyance.
Plomin le reconnaît lorsqu’il écrit en tant que scientifique (« la prédiction des différences individuelles n’est pas précise »), mais la nuance est perdue lorsqu’il redevient un commercial (« les scores polygéniques… peuvent nous révéler notre destinée génétique »). En fin de compte, le terme « oracle » fonctionne mieux comme une métaphore de la façon dont les gens interprètent leurs informations génétiques à la lumière de ce qu’ils croient déjà être vrai les concernant. Plomin donne un sens à ses efforts pour conserver la ligne en remarquant que son score polygénique pour le poids corporel est supérieur à la moyenne, tout comme je donne un sens au fait que je suis jalouse et têtue en disant que je suis Taureau.
Comme si la « voyance par l’ADN » ne suffisait pas aux détracteurs, L’architecte invisible nous sert également un débat inné-contre-acquis complètement binaire, en affirmant que « la seule source systématique, stable et durable de ce que nous sommes est l’ADN ». En revanche, les environnements partagés par les enfants d’une même famille, tels que l’école et les parents, « ne font aucune différence ». Insister sur le fait que l’ADN est important est scientifiquement exact ; insister sur le fait que c’est la seule chose qui compte est scientifiquement absurde. Les contre-arguments sont faciles à trouver, même si nous nous limitons aux mêmes méthodes que celles utilisées par Plomin. Les études sur les jumeaux montrent clairement que l’environnement familial a une influence considérable sur des résultats tels que l’accès à l’université et le choix du Dieu qu’on vénère. Et les enfants pauvres dont les « oracles de l’ADN » prédisent qu’ils réussiront dans les études finissent toujours par être moins bien lotis, économiquement parlant, que les enfants riches dont on prédit génétiquement qu’ils échoueront. Sommes-nous vraiment censés croire que l’éducation, la religion et la classe sociale ne font pas partie de la construction de nous-mêmes ?
À l’éducation, à la religion et à la classe sociale, nous pouvons ajouter la culture et la nationalité. Comme la plupart des recherches en psychologie (y compris les miennes), les études de L’architecte invisible sont entièrement menées auprès de populations WEIRD – acronyme anglais pour occidentales, éduquées, industrialisées, riches et démocratiques. (Nous pouvons ajouter un autre W pour blanches, étant donné que la quasi-totalité des recherches en génétique comportementale se concentrent sur les personnes d’ascendance européenne). Plomin a passé tellement de temps à se concentrer sur les différences psychologiques au sein des sociétés WWEIRD que les forces « systématiques, stables et durables » de la culture, partagées par tous les participants qu’il a testés, sont devenues invisibles. Espérer comprendre les différences psychologiques de personnalité et d’intelligence au sein d’un groupe homogène de personnes, qui vivent toutes dans un endroit particulier à un moment particulier, est un objectif parfaitement légitime, que je partage. Mais traiter les différences psychologiques entre les écoliers britanniques comme si elles constituaient toute l’essence de « qui nous sommes » est une conception étroite et appauvrie de l’identité humaine.
Les affirmations excentriques de L’architecte invisible sont d’autant plus curieuses qu’elles sont inutiles. Dire « l’ADN est important » est tout aussi intéressant que dire « seul l’ADN est important », avec en plus l’avantage d’être correct. La découverte du fait que tout est héritable soulève des questions philosophiques non résolues sur l’action et la liberté de l’homme. La disponibilité nouvelle de méthodes bon marché et non invasives pour mesurer l’ADN des gens soulève des questions éthiques délicates quant à savoir qui devrait avoir accès à l’avalanche de données génétiques à venir. (Le commissariat de votre commune ? Votre service de musique en ligne ? Votre application de rencontres ?) L’ensemble des travaux scientifiques de Plomin continue de nous montrer que ces questions philosophiques et éthiques sont importantes, mais L’architecte invisible ne fait pas grand-chose pour y répondre.
[1] La version originale de cet article a été publiée en 2018 dans The Spectator. Traduit par https://www.deepl.com/Translator et corrigé par Franck Ramus, avec l’aimable autorisation de l’auteure.
[2] Note du traducteur : A la date de publication du texte original en octobre 2018, le score polygénique EduYears prédisait 11% de la variabilité du nombre d’années d’étude des individus, soit autant que le revenu des parents (Lee et al., 2018). A la publication de cette traduction en Français, la version la plus récente prédit environ 15%, c’est-à-dire significativement plus que le revenu des parents, et pas encore autant que le niveau d’éducation des parents (Okbay et al., 2022). La phrase a donc été corrigée de « aussi bien » à « un peu mieux que le revenu de ses parents ».
De manière générale, le pouvoir prédictif de ces scores polygéniques augmente avec la taille des populations incluses dans les études génétiques, et est donc encore appelé à augmenter dans les prochaines années.
Lee, J. J., Wedow, and R., Okbay, A., Kong, E., Maghzian, O., Zacher, M., Nguyen-Viet, T. A., Bowers, P., Sidorenko, J., Linnér, R. K., Fontana, M. A., Kundu, T., Lee, C., Li, H., Li, R., Royer, R., Timshel, P. N., Walters, R. K., Willoughby, E. A., … Cesarini, D. (2018). Gene discovery and polygenic prediction from a genome-wide association study of educational attainment in 1.1 million individuals. Nature Genetics, 50(8), 1112–1121. https://doi.org/10.1038/s41588-018-0147-3
Okbay, A., Wu, Y., Wang, N., Jayashankar, H., Bennett, M., Nehzati, S. M., Sidorenko, J., Kweon, H., Goldman, G., Gjorgjieva, T., Jiang, Y., Hicks, B., Tian, C., Hinds, D. A., Ahlskog, R., Magnusson, P. K. E., Oskarsson, S., Hayward, C., Campbell, A., … Young, A. I. (2022). Polygenic prediction of educational attainment within and between families from genome-wide association analyses in 3 million individuals. Nature Genetics, 54(4), Article 4. https://doi.org/10.1038/s41588-022-01016-z
L’epigenetique est au moins aussi importante que la genetique, et est plus bousculable par la culture , l’environnement et l’effort. La modificiation genetique, voulue ou non (CRISPR), consentie ou non est un enjeu politique et militaire majeur.
J’aimeJ’aime
Si vous n’aimez pas la génétique, sachez que l’épigénétique n’est pas l’antidote!
L’épigénétique est, certes, influencée par les facteurs environnementaux, puisqu’il s’agit de l’ensemble des mécanismes par lesquels l’environnement peut influencer l’expression du génome. Mais cela n’enlève donc rien à l’importance du génome!
Le problème, c’est que l’épigénétique, c’est comme la physique quantique, personne n’y comprend rien, du coup beaucoup de gens lui font dire n’importe quoi.
Voici quelques sources fiables pour se renseigner sur l’épigénétique:
https://www.inserm.fr/dossier/epigenetique/
https://www.book-e-book.com/livres/180-quand-lepigenetique-sen-mele-nl002-9782372460552.html
Quant à la méthode d’édition du génome CRISPR/CAS9, on ne comprend pas bien à quel risque vous faites référence, mais elle fait aussi l’objet de beaucoup de fantasmes.
J’aimeJ’aime
J’adore ma genetique. Un don de mes ancetres. Que je protege a tout prix. Y compris celui de sa modification sans consentement. Cela serait assez complexe pour qq’un sans formation donc on en restera la.
J’aimeJ’aime
Est-ce vrai que ce sont les gènes maternels qui sont les principaux contributeurs du développement du neo-cortex ?
Le père participe -t-il tout de même,ne serait que de façon marginale, aux aptitudes cognitives de ses enfants ?
J’avais lu dans un compte rendu d’expériences sur des souris ou des rats qu’on avait trouvé que des cellules maternelles dans leur cortex,ce qui me semble troublant mais j’ai peut être mal compris l’article,ou mal interprété…
J’aimeJ’aime
Chaque cellule du corps (et donc du cerveau) contient 50% de gènes de la mère et 50% de gènes du père, qui contribuent donc a priori à parts égales.
Ce à quoi vous faites référence, c’est peut-être que le chromosome X contient pas mal de gènes impliqués dans le développement cérébral, plus que le chromosome Y. Mais ça ne peut pas faire dévier les contributions respectives très loin de 50/50. Il y a aussi des phénomènes d’empreinte parentale (l’allèle d’un parent jouant plus que l’allèle de l’autre) sur certains gènes. Mais je ne connais aucun phénomène qui pourrait justifier l’affirmation générale « les gènes maternels sont les principaux contributeurs du développement du neo-cortex ».
J’aimeJ’aime
Merci pour votre réponse…j’ai trouvé un article de 1997 qui parle des gènes a empreinte parentale et qui soutiennent la thèse d’une transmission maternelle de l’intelligence, voici le lien.
https://www.google.com/amp/s/www.liberation.fr/sciences/1997/12/09/la-beaute-de-son-pere-l-intelligence-de-sa-mere-selon-qu-ils-sont-transmis-par-l-un-ou-l-autre-des-p_224384/%3foutputType=amp
J’aimeJ’aime
1997, c’est vraiment la préhistoire de ces recherches, donc je ne me fierais pas trop à cet article.
Une revue récente sur les phénomènes d’empreinte parentale sur les gènes exprimés dans le cerveau liste d’innombrables cas de gènes à empreinte soit paternelle, soit maternelle:
https://europepmc.org/backend/ptpmcrender.fcgi?accid=PMC5125552&blobtype=pdf
Je n’ai pas l’impression qu’il en ressorte une généralité sur des régions ou fonctions du cerveau qui seraient globalement plus influencées par les allèles maternels ou paternels.
J’aimeJ’aime
Je n’ai pas de formation scientifique mais,dans la revue que vous m’avez indiqué qui,soit dit en passant,cite les sources d’un chercheur,Barry Keverne, auquel est fait référence l’article de Libération que je vous avais mis en lien, j’ai l’impression que cela confirme en partie cette idée de l’importance cruciale des gènes maternels dans le développement du néocortex…je vous reproduis à l’appui un passage qui m’a semblé troublant : » The relevance of genomic imprinting to the brain emerged when two disorders with
significant developmental and neurological deficits, Prader–Willi syndrome (PWS) and
Angelman syndrome (AS), were linked to paternally and maternally transmitted mutations,
respectively, on human 15q11–13 (Nicholls et al. 1989). This notion was reinforced by the
discovery that chimeric embryos containing gynogenetic (two maternal genomes) cells
develop abnormally large brains in contrast to chimeric embryos containing androgenetic
(two paternal genomes) cells, which develop abnormally small brains (Keverne et al. 1996),
pointing to an essential role for parent-of-origin information in brain development.
Moreover, gynogenetic cells were observed exclusively in the cortex, striatum, and
hippocampus, whereas androgenetic cells occupied hypothalamic regions, indicating distinct
roles for maternally and paternally inherited information in various brain regions. »
On retrouve peu ou prou,la même idée que dans l’article de Libération,a savoir que les gènes maternels développent surtout le cerveau « intelligent » alors que les gènes paternels seraient déterminants pour les structures hypothalamiques.
Et on retrouve cette idée que les cellules maternelles sont observés uniquement au niveau du cortex cérébral,ce qui ajoute de la confusion a mon esprit…
Mais n’hésitez pas à me dire si ma compréhension est tronquée ou parcellaire.
Cordialement.
J’aimeJ’aime
Vous citez maintenant des études encore plus anciennes que la précédente! Et qui portent sur des syndromes extrêmement rares, qui ne permettent pas de généraliser. Vraiment il faut renoncer à tirer la moindre conclusion de ces études.
J’aimeJ’aime
Bonjour, il me semble que la part d’héritage génétique du père et de la mère est plus hétérogène que cela, il existe une étude présentant un individu schématisé avec dans toutes les parties de son corps le pourcentage de gènes en provenance de la mère et ceux en provenance du père. Et c’est inégal, par exemple 65% de son foie provient des gènes paternels, 60% de ses yeux sont maternels, etc.. Et une autre étude indique qu’au global, c’est le père qui transmet le plus de gènes à l’enfant. Par ailleurs, n’oublions pas que le père transmet un X à sa fille tout comme la mère. Il a également été affirmé que les gènes codants l’intelligence sont quantitativement élevés dans le X, mais c’est à vérifier. Je peux rechercher les études que je cite de mémoire, sans certitude de les trouver cependant. Cordialement
J’aimeJ’aime
Je maintiens ce qui est dit plus haut: chaque cellule de votre corps contient exactement 50% de gènes issus de votre mère et 50% de votre père sur les autosomes, plus les chromosomes sexuels (X plus gros que Y). C’est identique dans toutes les cellules du corps. Ce qui peut différer, c’est l’expression de ces gènes (= synthèse des protéines correspondantes), qui peut être plus importante pour la copie issue de la mère ou du père dans certaines cellules. C’est le phénomène d’empreinte parentale décrit plus haut.
Il y a des gènes associés à l’intelligence sur tous les chromosomes. Je ne saurais dire s’il y en a plus en proportion sur le chromosome X. L’une des raisons pour lesquelles le chromosome X est souvent associé à des déficiences intellectuelles chez l’homme, c’est parce qu’il n’est qu’en une seule copie chez les hommes, donc une mutation délétère ne pourra pas être compensée par une 2ème copie comme chez la femme. Mais c’est vrai pour diverses maladies. Par ailleurs le nombre de chromosomes est plus variable pour les chromosomes sexuels, ce qui donne des combinaisons rares X, XXX, XXY, etc. qui sont aussi souvent associéés à une déficience intellectuelle (alors que la plupart de ces cas ne sont pas viables sur les autres chromosomes, à part le 21).
J’aimeJ’aime
Bonjour M. Ramus,
Exception faite des idéologues de tous bords (tout génétique vs tout environnemental), les personnes qui s’intéressent sincèrement à ce sujet, et plus particulièrement celles qui vous lisent régulièrement, ont compris, je crois, que le destin d’un individu découle de la combinaison des facteurs génétiques ET environnementaux.
Ce qui n’est pas dit (ou pas clair), en revanche, c’est la manière dont interagissent ces facteurs.
Comment faut-il comprendre cette interaction ?
Prenons, pour illustrer ma question, l’exemple de l’intelligence (Q.I) d’un individu. Faut-il comprendre de l’interaction génétique/environnement que:
1) son score polygénique lui prédit, dès le plus jeune âge, un QI minimal (mettons 100), qu’un environnement favorable va pouvoir ensuite éventuellement améliorer (110, 120,..etc)
2) son score polygénique lui prédit, dès le plus jeune âge, un QI maximal de 100, qui ne pourra être atteint que si l’environnement est le plus favorable possible, et qui restera en deçà (80, 90..) si l’environnement est moins favorable?
Merci par avance.
LG
J’aimeJ’aime
En fait, aucune des deux analogies n’est correcte, parce qu’il n’y a ni minimum, ni maximum prédéfinis.
La manière dont on modélise et dont on comprend les choses en génétique comportementale, c’est de dire que les facteurs génétiques et environnementaux sont additifs.
Du coup la meilleure manière de se représenter les choses, c’est de se dire que votre patrimoine génétique vous prédit un certain QI dans un environnement moyen, qui va donc pouvoir être diminué ou augmenté en fonction de la qualité de votre environnement. Et symétriquement, votre environnement vous prédit un certain QI pour un génome moyen, qui peut être diminué ou augmenté en fonction de votre génome particulier.
En gardant à l’esprit que ces différents termes ne sont pas établis partout et pour l’éternité. Le génome et l’environnement moyens dépendent directement de la population dans laquelle vous les mesurez. Et même si le génome évolue très lentement à notre échelle, l’environnement, lui, évolue très vite. Pensez à l’environnement cognitif des enfants d’aujourd’hui comparé à celui des enfants d’il y a 500 ans, ou même 100 ans. Si on avait estimé les influences génétiques et environnementales de l’intelligence il y a 500 ans, on aurait pu avoir des résultats assez différents, et on n’aurait jamais été capable d’imaginer à quel point l’environnement cognitif évoluerait. De même, il est difficile d’imaginer comment il va évoluer dans les prochaines siècles.
Ajoutez à cela la complexité induite par le fait que les effets génétiques et environnementaux peuvent ne pas être simplement additifs (c’est cette non-additivité que l’on appelle une interaction en statistique). Par exemple, certaines prédispositions génétiques peuvent ne se révéler que dans certains environnement, qu’ils soient favorables (p. ex. scolarisation permettant l’expression de certaines prédispositions cognitives) ou défavorables (p. ex. traumatismes révélant l’expression de certaines prédispositions psychologiques). Ces interactions statistiques se modélisent aussi, et s’ajoutent dans les modèles aux effets génétiques et environnementaux additifs. Avec les interactions ça devient plus difficile de fournir une analogie simple.
J’aimeJ’aime
Voici un graphe pour visualiser les choses. Vous avez le score polygénique en abscisse, le niveau d’étude en ordonnée. Le niveau d’étude prédit par votre score polygénique est celui indiqué par la droite de régression. Les facteurs environnementaux peuvent le faire varier autour de cette valeur sur l’axe vertical, les points verts vous donnant en gros la densité de probabilité (dans l’étude américaine Add Health).
https://ramusmeninges.files.wordpress.com/2023/04/okbay22.png
J’aimeJ’aime
Au sujet de l’éducation, surtout en France, il me semble que ces découvertes (assez consensuelles d’ailleurs, en dépit des « controverses » fabriquées par les médias) ne devraient pas être ignorées. Notre système éducatif est extrêmement égalitaire, garantissant une vingtaine d’années d’études quasiment gratuites, de la maternelle à la fac. Et ceci depuis plus d’un demi siècle. En ce laps de temps, et grâce à l’école, certains ont fait des sauts énormes en terme d’ascension sociale, en passant d’ouvriers ou paysan à médecin ou prof d’université en seulement une ou deux génération. Le normalien et prix Nobel Alain Aspect est fils de simple d’instituteurs. Alors que d’autres, après 4-5 générations d’école gratuite, n’ont pas fait ce saut. Pourquoi ? Il me semble difficile d’échapper à une explication génétique, du moins en partie. En gros : après avoir ouvert la vanne de l’éducation égalitaire, ceux qui en avaient les capacités et qui auparavant étaient bloqués à un niveau socioéconomique inférieur ont pu en profiter ; les autres pas.
Que peut-on faire de plus que fournir un service de qualité et gratuit pendant 20 ans ? Or, on cherche toujours à améliorer le système en faisant des « réformes » basées sur des idéologies (de droite, de gauche, libériste, étatiste,…) sans aucun support empirique. L’échec de ces tentatives est patent. Pour ma part, je pense qu’il faudrait : 1/ Ne pas ignorer les données et génétiques et donc ne pas croire que l’éducation fera des miracles, et 2/ tester et évaluer systématiquement les méthodes pédagogiques dans des environnements contrôlés et agir sur la base des résultats obtenus.
Merci pour votre opinion de spécialiste !
J’aimeJ’aime
On peut reformuler ce que vous dites de la manière suivante: plus une société est ouverte et offre de multiples possibilités à tout le monde (par opposition à une société de castes où le destin de chacun est déterminé par son groupe d’appartenance), et plus les prédispositions génétiques de chacun vont pouvoir s’exprimer, chacun pouvant suivre la voie qui correspond le mieux à ses prédispositions.
Cela peut sembler paradoxal mais c’est parfaitement logique: plus les contraintes environnementales se relâchent, plus les facteurs génétiques expliquent une plus grande part relative des différences individuelles. Il y a bien des données qui viennent à l’appui de cette idée, notamment cette étude qui montre que les pays où il y a la plus forte mobilité intergénérationnelle sont aussi ceux où l’héritabilité du niveau d’éducation est la plus forte:
Engzell, P., & Tropf, F. C. (2019). Heritability of education rises with intergenerational mobility. Proceedings of the National Academy of Sciences, 116(51), 25386‑25388. https://doi.org/10.1073/pnas.1912998116
J’aimeJ’aime
Vos réflexions sur les politiques sociales ou scolaires rejoignent les miennes dans la dernière section de cet article intitulée « Si l’on veut réduire les inégalités sociales, on a besoin de les comprendre ».
J’aimeJ’aime
Merci pour vos réponses. Malheureusement, je pense que le climat intellectuel est très loin d’accepter vos conclusions sur le sujet, qui sont aussi les miennes. Par exemple, je vous signale cet article très récent du Monde : Le « spectre » ou l’extension du domaine du visible, par Par Marion Dupont, où l’on peut encore lire la phrase suivante : « dans le cas de la schizophrénie comme de l’autisme, une origine génétique reste à prouver ».
J’aimeJ’aime
Comme vous, je suis assez frappé des déclarations de Plomin affirmant que l’environnement ne compte pas du tout, ce qui paraît très excessif.
Il y a peut-être un point qui permettrait d’expliquer cela : la différence entre environnement partagé et non partagé. Il se pourrait que les variations individuelles de tel ou tel trait viennent presque seulement de l’environnement non partagé. Et comme Plomin soutient par ailleurs que l’environnement non partagé est très fortement héritable (les gens auraient tendance à s’orienter vers l’environnement qui leur convient mieux, en raison de certaines prédispositions), alors la quasi-totalité des variations individuelles serait héritable, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire de cet environnement non-partagé. Cela vous paraît-il plus crédible?
Même de façon intuitive, on peut comprendre que des enfants cherchent, tout au long de leur développement, à exploiter les ressources de leur environnement qui leur correspondent le mieux, et à s’éloigner de celles qui ne leur correspondent pas, ce qui reviendrait progressivement à diminuer le poids de l’environnement partagé. Cela impliquerait que le « point de départ » ne compte pas beaucoup, et qu’un individu peut suffisamment évoluer au cours de la transformation de son environnement, pour atteindre un « point final » qui ne dépende plus du tout ou presque de ce point de départ. Empiriquement, ça n’est pas impossible, mais cela reste un peu douteux.
(Et merci à vous pour votre travail de présentation de ce champ de recherche)
J’aimeJ’aime
Bonjour,
Je me permets de vous répondre mais ce n’est pas du tout ce que Plomin affirme.
Il ne dit pas que les gènes expliquent tout mais que c’est une influence à r=0,5
Ce qui est assez grand comme taille d’effet en psychologie et ce qu’il dit c’est qu’il y a également une part importante environnementale mais que celle-ci est grandement expliqué par l’environnement non partagé (c’est à dire le groupe sociale).
Il parle aussi dans son livre d’autres variable qui influe sur la personnalité comme un traumatisme, un divorce etc…
Il parle d’influence et non de déterminisme et notamment de la part génétique environnementale qui vont de pairs.
Bref, je ne sais si vous avez lu le livre ou ces études sur le sujet mais je vous le conseille.
J’aimeJ’aime
Ce que vous décrivez est bien connu sous le nom de « corrélations gènes-environnement actives », c’est-à-dire tous les cas où les prédispositions génétiques de l’individu l’amènent à sélectionner certains environnement qui renforcent encore l’effet de ces prédispositions (ex: les bons lecteurs vont lire beaucoup ce qui va encore améliorer leurs capacités de lecture). Dans les études de jumeaux, ces corrélations sont comptabilisées dans le terme A (génétique additif), pas dans le terme E (surnommé environnement partagé). On peut dire que ces phénomènes participent à la relative faiblesse du terme C (surnommé « environnement partagé »).
J’aimeJ’aime
Bonjour, sur l’influence des gènes, vous dîtes que les études d’associations montrent qu’aucun allèle n’a d’influence majeure. Cela vaut pour la population étudiée. Pour un individu, est-ce pareil ou bien, peut-on imaginer qu’un événement rare combiné avec un génotype (même un seul allèle quelle que soit sa fréquence) entraine des conséquences non négligeables. Autrement dit, un gène a des effets importants, mais seulement s’il y a eu un événement rare, par exemple une infection pendant une période critique du développement cérébrale. Merci
J’aimeJ’aime
Vous posez deux questions en une: 1) la taille des effets de chaque allèle; 2) les potentielles interactions entre allèles et facteurs environnementaux.
1) Les variations génétiques étudiées dans les GWAS, les SNPs (polymorphismes d’un seul nucléotide, autrement dit variation d’une lettre dans la séquence d’ADN) sont par définition des variations génétiques fréquentes (la forme moins fréquente a une fréquence supérieure à 1%). Ces variations ont effectivement chacune un effet faible sur les phénotypes, ce n’est que cumulées par centaines ou par milliers qu’elles produisent des effets substantiels. Mais ce ne sont pas les seules variations génétiques. Il existe des variations plus rares non prises en compte dans les GWAS, comme les délétions ou duplications de segments entiers d’ADN, ou des mutations ponctuelles encore plus rares, qui elles peuvent avoir des effets très importants sur le phénotype. C’est le cas des anomalies chromosomiques (p. ex. trisomie 21), des délétions associées à des syndromes connus (p. ex. 16p11, 22q11, 22q13…), ou des mutations ponctuelles comme celle induisant la maladie de Huntington. Plus une mutation a un effet important sur la santé, moins elle peut être transmise à la descendance, donc plus elle reste rare. Les mutations qui se répandent dans la population jusqu’à atteindre une fréquence d’au moins 1% sont forcément celles qui ont un effet faible ou nul (ou positif, mais elles sont encore plus rares), d’où les faibles effets associés aux SNPs.
J’aimeJ’aime
2) Est-ce qu’un SNP qui a un effet faible, pourrait néanmoins produire un effet important, s’il est combiné avec un facteur environnemental? En théorie, oui, c’est toute la question des interactions gènes-environnement. Il y a des cas bien connus avec des mutations: par exemple, une mutation du gène de l’hydroxylase de la phénylalanine va produire une maladie grave (la phénylcétonurie) ou pas, selon le régime alimentaire pendant le développement (riche ou pauvre en phénylalanine). On a cru pendant 15 ans que ce serait le cas général en génétique, il y a eu quelques résultats emblématiques, mais la plupart n’ont pas été répliqués. Aujourd’hui, les études plus grandes et plus fiables peinent à en trouver, que ce soit par des études d’apparentés (jumeaux) ou par les GWAS. Voir par exemple cette étude et cette autre toute récente.
Bien sûr, on n’est pas à l’abri de découvrir un jour une interaction importante entre un SNP (ou un score polygénique) et un facteur environnemental (il est possible qu’on n’ait pas testé les bons), mais force est de constater que ce n’est pas si fréquent que cela.
De manière intéressante, certains critiques de la génétique comportementale croient encore que les interactions gènes-environnement sont le cas général, et utilisent cette hypothèse pour critiquer les études comme les GWAS qui ne capturent que les effets génétiques additifs. Mais de toute évidence, ce n’est pas le cas général, et cette critique perd du coup beaucoup de sa pertinence.
J’aimeJ’aime
Merci. Quand vous dîtes que les GWAS ne capturent que les effets génétiques additifs, je comprends que ce type d’étude ne peut méthodologiquement capturer que des effets génétiques additifs. Mais pourquoi ? Et comment peuvent-elles aussi trouver des interactions gènes-environnement ?
J’aimeJ’aime
Tout dépend comment on conduit les études. Toutes les hypothèses peuvent être testées, mais en général pas toutes à la fois dès la première étude.
En général un GWAS analyse les effets de chaque SNP sur le phénotype, indépendamment des autres SNP, des autres facteurs génétiques, et des facteurs environnementaux. Donc il ne peut détecter que des effets additifs.
Mais si on veut tester des interactions gène-gène, on peut le faire aussi. On a intérêt à avoir des hypothèses sur quels SNPs interagissent avec quels SNPs, parce que si on doit tester toutes les paires de SNPs dans le génome on va avoir un problème de puissance statistique.
Et si on veut tester une interaction gène-environnement, c’est possible aussi, il suffit d’avoir mesuré le facteur environnemental pertinent.
Mais rien de tout ça n’est fait dans le GWAS original.
J’aimeJ’aime
Merci pour vos réponses, je comprends mieux. Je me pose la même question avec le stress et les troubles anxieux. J’ai trouvé un article qui parle de 30 % d’héritabilité, mais aussi de l’importance des interactions gène-environnement, notamment dans l’enfance. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5573565/
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que pour ce type de troubles, l’interaction gène-environnement est particulièrement importante ?
J’aimeJ’aime
Bonjour, article intéressant mais qui laisse un peu sur sa faim.
Que pensez-vous du livre « La Symphonie du vivant », de Joël de Rosnay ?
Est-ce une introduction fiable à l’épigénétique, malgré son orientation « grand-public » ?
J’aimeJ’aime
Je n’ai pas lu ce livre. Mais de ce que je peux en lire sur la 4ème de couverture, j’ai l’impression que comme beaucoup d’autres, il veut faire dire à l’épigénétique beaucoup plus qu’elle ne dit!
Si vous voulez des sources fiables sur ce sujet, je vous suggère:
– ce dossier de l’Inserm;
– ce livre de Christophe de la Roche Saint André (qui dégonfle au passage toutes les bêtises qu’on fait dire à l’épigénétique).
J’aimeJ’aime
Merci pour votre réponse. Je vais regarder cela.
J’aimeJ’aime
Bonjour,
Je me permets de reposter le commentaire que j’avais posté dans votre ancien blog,
« Bonjour,
Je ne suis pas d’accord sur votre critique du livre,
ayant lu ce livre et m’intéressant depuis plusieurs années à la génétique comportementale et à la personnalité (en terme de recherche scientifique).
Plomin affirme dans son livre avec article à l’appui qu’il a effectué des études sur différentes populations pour éviter justement ce biais relatif à une population WEIRD.
Il explique en plus de cela dans ce livre traduit que non, la génétique n’explique pas tout et il parle justement de la part de génétique trouvé dans ces études. Il parle de ce phénomène d’interaction et que OUI la découverte faite par ses recherches est que l’éducation a peu d’effet sur la personnalité de l’individu (on parle de personnalité mesuré par le BIG FIVE et non pas d’intérêts).
Bien à vous, »
Afin d’être plus précis dans mon propos, je vais citer les propos du texte afin d’être plus précis : « Troisièmement, ces conclusions sont solides, elles ont été répliquées à maintes reprises et de nombreuses manières » p.60
» En ce qui concerne la plupart des traits psychologiques, les différences d’ADN héritées représentent entre 30 et 60% de la variance. En psychologie, peu d’autres facteurs représentent plus de 5% de la variance » p.62
« en 1990, nous avons étudié des jumeaux d’âge mûr originaire de Suède » p.67
« Depuis, plus de 150 publications ont examiné les mesures environnementales dans des protocoles sensibles à la génétique. » p.75
Lire aussi le chapitre avec les études des jumeaux selon le statut socio-économique p.143 « Voilà un autre exemple de corrélation gène-environnement, dans la mesure où les élèves choisissent leur école et sont choisis par elle en partie sur la base de leurs résultats scolaires antérieurs et de leurs aptitudes, hautement héréditaire » p. 150.
De plus, Plomin ne considère pas un primat des gènes sur l’environnement mais il y voit une interaction « Ce qui signifie qu’il en va de même pour les gènes et les environnements, vous ne pouvez pas séparer leurs effets » p.290
Le champ des études de la génétique comportementale sont bien reproduits :
Plomin, R., DeFries, J. C., Knopik, V. S., & Neiderhiser, J. M. (2016). Top 10 replicated findings from behavioral genetics. Perspectives on psychological science, 11(1), 3-23.
https://doi.org/10.1177/1745691615617439
Le champ des études de la génétique comportementale concerne que la population WEIRD ? :
https://mospace.umsystem.edu/xmlui/bitstream/handle/10355/4424/research.pdf?sequence=3
Vukasović, T., & Bratko, D. (2015). Heritability of personality: A meta-analysis of behavior genetic studies. Psychological bulletin, 141(4), 769.
« Participants included in the final sample come from
four continents (Asia, Australia, Europe, North America), and
12 countries (United States, k 18; Australia, k 10; United
Kingdom, k 7; The Netherlands, k 6; Croatia, k 6;
Sweden, k 3; Finland, k 2; Norway, k 2; Germany, k
2; Canada, k 1; South Korea, k 1; Russia, k 1; and 3
international online studies). »
J’aimeJ’aime
De plus, vous dites « Les affirmations excentriques de L’architecte invisible sont d’autant plus curieuses qu’elles sont inutiles. Dire « l’ADN est important » est tout aussi intéressant que dire « seul l’ADN est important », avec en plus l’avantage d’être correct. La découverte du fait que tout est héritable soulève des questions philosophiques non résolues sur l’action et la liberté de l’homme. La disponibilité nouvelle de méthodes bon marché et non invasives pour mesurer l’ADN des gens soulève des questions éthiques délicates quant à savoir qui devrait avoir accès à l’avalanche de données génétiques à venir. (Le commissariat de votre commune ? Votre service de musique en ligne ? Votre application de rencontres ?) L’ensemble des travaux scientifiques de Plomin continue de nous montrer que ces questions philosophiques et éthiques sont importantes, mais L’architecte invisible ne fait pas grand-chose pour y répondre. »
mais il y a tout un chapitre consacré au sujet à la page 143 du livre intitulé « Egalité des chances et méritocratie »
Je vous laisse regarder mon précédent commentaire mais je ne suis pas d’accord sur ce que vous dites sur cela et surtout sur le fait que Plomin parle du gène comme si celui-ci uniquement comptait… Il parle du fait que cela compte que pour 50% et que l’on ne peut dissocier avec l’acquis comme il en parle p.290 avec sa métaphore avec la surface d’un triangle où je cite « Demander dans quelle mesure l’hérédité contribue à l’intelligence, c’est comme demander dans quelle mesure la largeur d’un champ contribue à sa surface ».
D’ailleurs Plomin parle « d’influence génétique » et non pas de déterminisme.
« L’ADN est le seul élément faisant une différence systématique. l’ADN est le seul élément faisant une différence systématique substantielle puisqu’il est à l’origine de 50% de la variance des traits psychologiques. Le reste est dû à des expériences environnementales fortuites, sans effets à long terme ».
Plomin nous parle également énormément du fait que l’environnement non partagé a une grande influence sur notre personnalité…
C’est la GROSSE découverte de la génétique comportementale bien + que le fait qu’il y a une interaction gène-environnement.
J’aimeJ’aime
Tout d’abord, au cas où ça n’était pas assez clair, la recension ci-dessus a été écrite par Paige Harden. Je n’ai fait que la traduire parce que je la trouve bonne.
Ce qui est en cause dans cette recension, ce n’est pas le travail de Robert Plomin ni l’ensemble des résultats de la génétique comportementale. A peu de choses près, nous en avons tous les trois la même compréhension et la même appréciation. Ce qui est en cause, c’est le discours exagéré que tient Plomin dans certains passages du livre et surtout dans les médias. Ce discours exagéré est en contradiction avec la prudence dont il fait preuve dans ses recherches et dans le reste de son livre. Voyez par exemple les affirmations mises en titre de ses interviews par l’Express récemment:
https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/robert-plomin-meme-echange-par-erreur-a-la-maternite-vous-seriez-a-peu-pres-la-meme-personne-CUGE4N3PAZEBNPDDTTTY2GZOII/
https://www.lexpress.fr/sciences-sante/robert-plomin-les-parents-et-lecole-influent-peu-sur-la-reussite-des-enfants-D2AB2XQ4DNAYRGFUDAWZTHY5OU/
Ces affirmations sont exagérées parce qu’elles reposent sur une mauvaise interprétation du terme C (appelé à tort « environnement partagé » dans les études de jumeaux), et pour les autres raisons mentionnées par Paige Harden ci-dessus. Notez que dans les études que vous mentionnez, seule la Corée n’est pas WEIRD, et encore il ne lui manque que le W. Par ailleurs, il ne suffit pas de mener des études dans différents pays séparément pour résoudre le problème. Si on veut que les études de jumeaux incluent la variance environnementale correspondant aux différences entre pays (économiques, culturelles, géographiques, écologiques…), alors il faut mener des études internationales incluant tous les types de pays. Cela n’a jamais été fait. Les études sur internet ne compensent pas cela, car elles ne ciblent qu’une sous-population très particulière dans les pays moins développés.
Bref, ce qui est reproché à Plomin est avant tout un problème de communication, pas un problème scientifique.
J’aimeJ’aime
Bonjour, merci pour votre travail de vulgarisation. Je vais bientôt me procurer sur ces sujets « la mal-mesure de l’Homme » par Stephen Jay Gould, qui est l’un de mes auteurs préférés et qui traite justement de ces sujets. Seul bémol, le livre date de 1984. Avez-vous un avis sur la façon dont cet ouvrage a veilli ?
J’aimeJ’aime
Oui, j’ai un avis: ce livre était mauvais dès sa sortie en 1981, pas meilleur lors de sa réédition en 1996 et en plus il a mal vieilli.
Gould était un idéologue qui n’a eu de cesse de discréditer toute la recherche scientifique sur l’intelligence, parce qu’il la croyait intrinsèquement raciste. Pour cela il a fait feu de tout bois, avec (parfois) de bons et (souvent) de mauvais arguments, et même à l’occasion une falsification des données: https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1001071
Si vous le lisez pour l’intérêt historique, n’oubliez pas de lire aussi les critiques qui en ont été faites!
J’aimeJ’aime
Bonjour, avez vous un avis sur https://slatestarcodex.com/2017/05/26/the-atomic-bomb-considered-as-hungarian-high-school-science-fair-project/ qui cite abondament CHH (http://web.mit.edu/fustflum/documents/papers/AshkenaziIQ.jbiosocsci.pdf). Je m’interroge particulièrement sur la corrélation entre intelligence et entre autres les maladies de Gaucher et Tay-Sachs. Il s’agirait juste d’une corrélation entre les genes responsable de ces maladie et une intelligence élevée (pas fou, les genes voyagent en troupeau) ou il y aurait une causation avérée?
J’aimeJ’aime
Je n’ai pas creusé à fond ce sujet, mais autant que je sache et que je puisse voir dans les articles que vous citez, il n’y a pas de corrélation générale entre l’intelligence et les maladies de Gaucher et Tay-Sachs. Il y a une cooccurrence chez les juifs ashkénazes entre un QI moyen réputé légèrement supérieur à la moyenne (mais les comparaisons entre groupes sont compliquées), et une plus forte prévalence de ces maladies (due à l’homogamie). Il y a eu beaucoup de spéculations là-dessus (ce qu’illustrent les deux articles), mais je n’ai pas connaissance que cette observation dépasse le cadre de cette population, ni qu’un lien génétique entre les deux ait été établi.
J’aimeJ’aime
« L’hérédité n’est que la moitié de l’histoire » c’est aussi ce que l’on retient du livre de Plomin. Il le souligne plusieurs fois dans son livre, l’environnement compte pour beaucoup. Notamment ce qu’il appelle l’environnement non partagé. Bien qu’il y ait un chapitre consacré à cet environnement non partagé, j’aurais aimé qu’il développe plus. J’ai été un peu dérouté quand il qualifie d’environnement non partagé un divorce au sein d’une famille qui aurait été vécu différemment entre les frères et sœurs. D’après lui, on n’a pas réussi à l’identifier concrètement et il s’agirait plutôt d’aléas, de chances ou de malchances.
Cet article ne rend pas hommage au livre, oui dés fois des phrases isolés sont peut-être maladroite, mais ce n’est pas ce que l’on en retient. Il cherche surtout à insister sur l’effet important de la génétique dont il dit qu’en psychologie il n’y pas de taille d’effet comparable.
» Les études sur les jumeaux montrent clairement que l’environnement familial a une influence considérable sur des résultats tels que l’accès à l’université et le choix du Dieu qu’on vénère » Sur la religion, il dit la même chose et il dit plusieurs fois dans son livre que le type d’école peut jouer sur l’orientation.
Sur les scores polygéniques, il nous montre bien que pour l’instant, ils n’expliquent que très peu des différences, souvent que quelque % et qu’il y a une limite supérieure définit par les études de jumeaux.
Ce que j’ai appris dans les conférences et articles de Franck Ramus, je le retrouve dans le livre.
C’est un bon livre qui se lit facilement, il manque d’après moi les critiques sur les études de jumeaux et les études d’adoption. (Franck Ramus non plus n’en parle pas beaucoup, on sait juste qu’il y a des bons et mauvais arguments). Il dit juste succinctement que peut-être les résultats surestiment l’héritabilité comme explication de l’héritabilité manquante.
J’aimeJ’aime
Je rajouterai qu’il dit bien que l’environnement familiale joue sur le niveau de scolarité et sur le QI (au moins jusqu’à l’âge adulte).
J’aimeJ’aime
Oui, je peux être d’accord avec vous, et en même temps il n’en finit pas d’égréner des formules ultra-simplificatrices, non seulement dans les médias, mais aussi dans des articles scientifiques.
Cf. sa dernière interview en français.
« Les parents et l’école influent peu sur la réussite des enfants »
« Il est au contraire important pour les parents de comprendre qu’ils n’ont guère de contrôle sur l’existence de leur progéniture »
Peut-être que ces phrases ne reflètent pas sa pensée, mais dans ce cas il faut qu’il arrête de les énoncer telles quelles. Tant que ces phrases atteindront le grand public, il sera légitime d’y réagir.
J’aimeJ’aime