« Je ne crois donc avoir éprouvé à l’égard de ma mère, que je n’ai jamais vraiment connue jeune, que des sentiments platoniques et affectueux. Pas plus bête qu’un autre, je sais qu’une telle affirmation ne manquera pas d’être interprétée comme il se doit, c’est à dire, à l’envers, par ces frétillants parasites suceurs de l’âme que sont les trois quarts de nos psychothérapistes actuellement en plongée. Ils m’ont bien expliqué, ces subtils, que si, par exemple, vous recherchez trop les femmes, c’est que vous êtes, en réalité, un homosexuel en fuite; si le contact intime du corps masculin vous repousse — avouerai-je que c’est mon cas? — c’est que vous êtes un tout petit peu amateur sur les bords, et, pour aller jusqu’au bout de cette logique de fer, si le contact d’un cadavre vous répugne profondément, c’est que, dans votre subconscient, vous êtes atteint de nécrophilie, et irrésistiblement attiré, à la fois comme homme et comme femme, par toute cette belle raideur. La psychanalyse prend aujourd’hui, comme toutes nos idées, une forme aberrante totalitaire ; elle cherche à nous enfermer dans le carcan de ses propres perversions. Elle a occupé le terrain laissé libre par les superstitions, se voile habilement dans un jargon de sémantique qui fabrique ses propres éléments d’analyse et attire la clientèle par des moyens d’intimidation et de chantage psychiques, un peu comme ces racketters américains qui vous imposent leur protection. »
Romain Gary, 1960, La promesse de l’aube.
J’en profite pour signaler que « La promesse de l’aube » est un livre magnifique.
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La psychanalyse offre rarement l’occasion de tester ses affirmations. Pourtant, dans son livre, « Naissance et Renaissance de l’écriture », Gérard Pommier, dans un sous-chapitre intitulé « Refoulement et orientation de l’écriture », écrit que l’écriture en miroir concerne essentiellement les garçons, le sexe féminin n’étant concerné qu’à un moindre degré. Son argument est que durant le temps de féminisation le garçon « épouse son père en écrivant contre lui ». S’il est difficile de vérifier l’existence d’un tel temps de féminisation et, s’il existe, qu’il se traduirait par une écriture en miroir s’opposant à celle de son père, en revanche, il m’a été facile d’établir, dans nos observations empiriques sur plus d’un millier d’enfants, que ce sont plutôt les filles qui inversent les lettres (majuscules) et les chiffres ! On peut trouver des réflexions critiques complémentaires dans la partie 1.10 de mon pdf :
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03829694
J.-P. Fischer
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Merci Jean-Paul pour ces précisions!
De fait, tu as pêché avec Gérard Pommier un auteur particulièrement connu pour sa propension à raconter n’importe quoi sans aucune vérification. Cf. https://ramus-meninges.fr/2017/09/26/les-faits-alternatifs-des-psychanalystes-sur-le-tdah-2/
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Irréfutable la psychanalyse a expliqué Karl Popper. Alors sur France-Culture on ne manque pas un jour sans faire causer un psychanalyste.
Merci pour ce texte.
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