Introduction
Depuis de longues années, l’idée selon laquelle les enfants et adultes à haut quotient intellectuel (HQI) seraient particulièrement à risque d’échec scolaire ou de troubles psychologiques tourne en boucle dans les médias, un phénomène que nous avons décrit et surnommé « La légende noire des surdoués » (Ramus & Gauvrit, 2017). Dans cet article, nous rappelons tout d’abord les connaissances scientifiques sur l’intelligence et ses corrélats, qui rendent cette idée fort peu plausible. Puis nous détaillons cinq études que nous avons menées pour tester cette hypothèse de la manière la plus directe possible, y compris en France.
Pour commencer, quelques précisions de terminologie. Nous nous plaçons dans le cadre de la définition de l’intelligence la mieux établie scientifiquement, à savoir celle de l’intelligence générale au sens de Spearman (1904), qui s’estime en faisant passer une batterie de tests cognitifs variés, et en extrayant le résultat d’une analyse factorielle confirmatoire à un facteur, ou la première composante d’une analyse en composante principale des scores obtenus dans tous les tests, ou en utilisant une batterie de tests standardisée implémentant cette procédure. Les résultats dans les tests étant positivement corrélés, on obtient un « facteur g » qui explique une part importante de la variance de chacun des tests. Ce facteur, qui a une distribution proche d’une distribution gaussienne sur l’ensemble d’une classe d’âge, est généralement mis à l’échelle pour obtenir un quotient intellectuel (QI) avec une moyenne de 100 et un écart-type de 15.
Sur une telle distribution, les personnes désignées comme étant « à haut QI » (HQI) sont celles dont le QI total est au moins 2 écarts-types au-dessus de la moyenne des personnes de même âge, soit un QI supérieur ou égal à 130. De notre point de vue, les autres appellations que sont les termes « surdoué » ou « haut potentiel intellectuel » sont strictement synonymes. Certains cliniciens n’hésitent pas à proposer des définitions alternatives en ajoutant d’autres critères diagnostics voire en se passant du critère sur le QI, mais ces propositions ne font l’objet d’aucun consensus scientifique.
Pourquoi de telles affirmations sont-elles surprenantes ?
Dès l’origine, les affirmations sur les maux attribués aux HQI ne pouvaient que susciter du scepticisme, tant elles semblaient en conflit avec les connaissances établies. En effet, un siècle de recherches sur l’intelligence générale ont montré que les scores de QI montrent systématiquement des corrélations positives avec la réussite scolaire (Brown et al., 2021; Guez, Panaïotis, et al., 2018), avec la performance dans l’emploi (Schmidt & Hunter, 2004), avec les revenus (Brown et al., 2021), avec la santé (y compris mentale) (Der et al., 2009) et avec l’espérance de vie (Batty et al., 2009). Autrement dit, l’intelligence semble être de manière générale un facteur positif dans la vie des gens, quel que soit l’aspect de la vie considéré.
Dans un tel contexte, pour que la légende noire des surdoués soit vraie, il faudrait que la relation positive entre le QI et ces différentes variables s’inverse lorsque le QI dépasse un certain seuil. Ce n’est évidemment pas impossible, mais cela semble plutôt improbable, et l’affirmer nécessiterait donc un fort niveau de preuve. Pourtant, aucun des auteurs à l’origine de la légende noire n’a apporté de telles preuves.
Néanmoins, mes collaborateurs et moi-même avons souhaité en avoir le cœur net et examiner spécifiquement les relations entre haut QI, réussite scolaire et troubles psychologiques dans 5 études successives, dont nous résumons les résultats ci-dessous.
Haut QI et performance scolaire
Dans une étude basée sur le Panel 2007 de la DEPP (35 000 élèves suivis depuis la 6ème), nous avons examiné la relation entre le QI testé en 6ème et les résultats scolaires ultérieurs (Guez, Peyre, et al., 2018). Nous avons trouvé que les élèves ayant un QI>130 en 6ème avaient le devenir suivant en 3ème et au-delà :
- Note au diplôme national du brevet supérieure de 2,6 points sur 20 aux autres (en moyenne).
- Seulement 1,66% ont une note inférieure à 10 au brevet (contre 15,55% des autres).
- 89,5% continuent en lycée général ou technologique (contre 61,8% des autres).
- 82,9% passent en 1ère en voie générale (contre 63,4%).
La Figure 1 illustre les résultats au diplôme national du brevet. Le diagramme de dispersion permet de constater que la relation positive entre QI et résultats au brevet ne s’inverse pas au-delà du seuil du haut QI.
Haut QI et troubles psychologiques chez l’enfant
Une première étude sur la cohorte Eden a porté sur 1100 élèves de 5-6 ans qui avaient passé à la fois une batterie de tests d’intelligence (WPPSI-III) et une échelle de troubles psychologiques (Strength and difficulties questionnaire, SDQ) qui se subdivise en 5 sous-échelles : symptômes émotionnels, troubles des conduites, hyperactivité/inattention, problèmes relationnels avec les pairs, comportement prosocial (Peyre et al., 2016). Nous n’avons trouvé aucune différence significative entre les enfants à HQI et les enfants à QI normal (entre 70 et 130), quelle que soit la sous-échelle. La Figure 2 illustre les résultats.
Les enfants de la cohorte Eden ont fait l’objet d’une nouvelle campagne de tests et de questionnaires passés sur internet à l’âge de 11-12 ans (N=430). Il s’agissait de 2 tests verbaux (vocabulaire réceptif et compréhension) et de 2 tests non-verbaux (matrices et identification de concepts), qui ont fait l’objet d’analyses factorielles confirmatoires et été mis à l’échelle pour extraire un QI total, un QI verbal et un QI non-verbal. Les questionnaires SDQ et CBCL (Child behavior check-list) ont été remplis par les parents, et le questionnaire MIA (Mental Health and Social Inadaptation Assessment for Adolescents) a été rempli par l’enfant. Nous avons analysé les 4 sous-échelles qui se recoupent à travers les 3 instruments : troubles internalisés, troubles des conduites, difficultés sociales, hyperactivité/inattention.
Outre l’âge plus élevé des enfants et l’utilisation d’instruments d’évaluation des symptômes psychologiques plus variés, l’objet de cette nouvelle étude (Shevchenko et al., 2023) était d’analyser les relations entre scores de QI et symptômes psychologiques sur l’ensemble de la distribution des scores de QI, et d’examiner aussi l’effet des écarts entre indices verbaux et non-verbaux.
Globalement nous n’avons observé aucune corrélation positive entre QI et symptômes psychologiques : toutes les corrélations sont nulles ou négatives (effet protecteur du QI sur les troubles psychologiques). Lorsque l’on regarde plus spécifiquement les hauts QI, on ne détecte aucune augmentation des symptômes, conformément à ce qui avait déjà été observé à 5-6 ans. Les résultats pour le CBCL sont illustrés en Figure 3.
Nos résultats sont cohérents avec ceux d’autres études similaires, notamment :
- une cohorte de 1000 enfants néozélandais, pour qui le haut QI pendant l’enfance a constitué un facteur protecteur contre les troubles mentaux à l’âge adulte (Koenen et al., 2009) ;
- une étude néerlandaise portant sur plus de 2000 enfants de 10-12 ans, qui a rapporté que les symptômes de troubles internalisés, troubles externalisés, troubles d’attention, et hyperactivité/impulsivité diminuaient avec le QI, et étaient au plus bas chez les enfants à haut QI (Rommelse et al., 2017) ;
- une étude belge récente portant sur une population de 3400 adolescents (Lavrijsen & Verschueren, 2023), qui a trouvé que les ados à HQI avaient une meilleure estime de soi, moins de troubles de comportement, moins de symptômes d’hyperactivité/inattention, et pas plus de troubles émotionnels et d’inquiétudes que les ados à QI normal.
Notons enfin que nous n’avons pas non plus trouvé de relation entre l’hétérogénéité des profils de QI (écarts entre indices verbaux et non-verbaux) et les symptômes psychologiques (Ramus, 2023; Shevchenko et al., 2023).
Haut QI et troubles spécifiques de la lecture
Sur la base des données du Panel 2007 de la DEPP, nous avons appliqué les critères diagnostiques du trouble spécifique de la lecture (selon le DSM5 et la CIM-11) chez 25 000 élèves de 6ème et nous en avons calculé la prévalence (Di Folco et al., 2022). Celle-ci varie en fonction de la classification, des critères, et des seuils spécifiques choisis. Néanmoins, elle est systématiquement inférieure chez les élèves à haut QI que chez ceux à QI normal. Par exemple, selon un certain ensemble de critères basés sur la CIM-11, la prévalence du trouble spécifique de la lecture est 3,5% sur l’ensemble de cette population, dont 3,7% chez les élèves avec un QI inférieur à 130 et 0,4% chez les élèves avec un QI supérieur à 130. Le haut QI est donc un facteur protecteur contre les troubles de la lecture.
Ces résultats sont cohérents avec ceux d’une étude portant sur 1400 enfants dyslexiques italiens, dont seuls 0,7% présentaient un HQI, contre 1,9% pour les enfants sans dyslexie (Toffalini et al., 2017).
Haut QI et santé mentale chez l’adulte
Enfin, nous avons conduit une étude sur les participants de UK Biobank, une des plus grandes cohortes biomédicales du monde, composée de 500 000 participants britanniques âgés de 40 à 69 ans. Ces participants ont passé de nombreux tests, répondu à de nombreux questionnaires, et de nombreux diagnostics médicaux sont également disponibles. Nous avons testé l’hypothèse spécifique selon laquelle les personnes à haut QI auraient une prévalence plus élevée de certains troubles mentaux. Il s’agit à notre connaissance de la plus vaste étude du monde sur les HQI (Williams et al., 2023; voir aussi Ramus, 2022).
Nos résultats montrent sans ambiguïté que les personnes à haut QI n’ont pas une plus grande prévalence de troubles mentaux que les personnes à QI moyen. Lorsque des différences sont observées, elles vont dans le sens inverse : les HQI ont notamment une plus faible prévalence de troubles anxieux et de stress post-traumatique, ont une personnalité moins névrotique, et souffrent moins d’isolation sociale. Seules la myopie et les allergies montrent une prévalence légèrement plus élevée chez les HQI. Les résultats sont illustrés en Figure 4.
Pourquoi certains cliniciens y croient-ils tant ?
Dans « La légende noire des surdoués » (Ramus & Gauvrit, 2017), nous avions émis l’hypothèse que la perception de beaucoup de cliniciens (psychologues, psychiatres) sur les caractéristiques des HQI était déformée par un biais d’échantillonnage. En effet, contrairement aux troubles psychologiques et psychiatriques, le HQI n’est pas en soi un motif de consultation. Seules les personnes à HQI qui ont une bonne raison de consulter ou de passer un test le font. Cela inclut les personnes avec troubles cognitifs ou psychologiques. Cela inclut aussi les enfants à HQI qui présentent des problèmes d’adaptation à l’école (mais pas les enfants à HQI qui réussissent très bien scolairement sans inadaptation). Cela peut aussi inclure des adultes qui éprouvent le besoin de passer un test pour diverses raisons. Par conséquent, les cliniciens voient principalement des personnes à HQI qui ont des problèmes à résoudre, et en déduisent que les personnes à HQI ont des problèmes, sans prendre en compte toutes celles qu’elles ne voient jamais.
L’étude belge de Lavrijsen & Verschueren (2023) confirme nos hypothèses. Cette étude a en effet montré que :
- Seuls 20% des jeunes ayant un HQI (d’après les tests passés dans l’étude) avaient auparavant été identifiés comme étant à haut QI. Ce résultat confirme notre hypothèse selon laquelle la plupart des personnes à HQI ne passent pas de tests et ne sont pas labellisées comme telles.
- Contrairement aux résultats observés sur l’ensemble des HQI et mentionnés plus haut, ces HQI déjà identifiés avaient une estime de soi plus faible, plus de troubles émotionnels, et plus de symptômes d’hyperactivité/inattention que les ados à QI normal. Ce résultat confirme notre hypothèse selon laquelle les personnes à HQI qui passent les tests de QI le font pour de bonnes raisons.
Enfin, dans notre dernier article, nous avons effectué une revue systématique de littérature compilant toutes les études publiées examinant les troubles cognitifs et psychologiques chez les personnes à HQI, par comparaison avec la population générale (Shevchenko et al., 2023). En distinguant les études qui étaient basées sur un échantillon de convenance (enfants à HQI recrutés via une consultation clinique, une école spécialisée pour surdoués, ou une association de familles d’enfants HQI, ou encore adultes HQI recrutés via une association les regroupant) de celles qui étaient basées sur une population non présélectionnée (cohortes, études épidémiologiques dont tous les participants ont passé un test de QI), nous avons trouvé que seule la première catégorie d’études rapportaient plus de troubles et difficultés chez les HQI, alors que les études de la deuxième catégorie rapportaient au contraire moins de troubles chez les HQI, ou bien aucune différence (selon les études et les troubles examinés). Ces résultats confirment que le fait de n’étudier que les personnes à HQI recrutées en clinique, en école spécialisée ou via une association spécialisée constitue un biais d’échantillonnage qui conduit à une estimation erronée des caractéristiques des personnes à HQI.
Conclusion
En 2017, sur la base des connaissances acquises sur l’intelligence générale et ses corrélats, il n’y avait déjà aucune bonne raison de croire et de diffuser la légende noire des surdoués. Compte tenu de la persistance de ce mythe notamment dans les médias français, nous avons conduit 5 études examinant les caractéristiques scolaires, cognitives et psychopathologiques des enfants et des adultes à haut QI. Nos résultats sont concordants entre eux et avec le reste de la littérature scientifique pour montrer que les personnes à haut QI réussissent beaucoup mieux que les autres scolairement, n’ont pas plus de troubles cognitifs et psychologiques, et souvent moins.
Malgré tout, aussi favorisées que soient les personnes à haut QI, elles ne sont pas vaccinées contre les maladies, les troubles psychologiques, les échecs et les accidents de la vie. Celles qui sont en difficulté existent, et méritent bien entendu toute l’attention et le soutien des professionnels, au même titre que le reste de la population, quel que soit le QI. Leur apporter l’aide dont elles ont besoin ne nécessite pas de continuer à propager des idées fausses.
Références
Batty, G., Wennerstad, K., Smith, G., Gunnell, D., Deary, I., Tynelius, P., & Rasmussen, F. (2009). IQ in Early Adulthood and Mortality By Middle Age: Cohort Study of 1 Million Swedish Men. Epidemiology, 20(1), 100–109. https://doi.org/10.1097/EDE.0b013e31818ba076
Brown, M. I., Wai, J., & Chabris, C. F. (2021). Can You Ever Be Too Smart for Your Own Good? Comparing Linear and Nonlinear Effects of Cognitive Ability on Life Outcomes. Perspectives on Psychological Science, 1745691620964122. https://doi.org/10.1177/1745691620964122
Der, G., Batty, G. D., & Deary, I. J. (2009). The association between IQ in adolescence and a range of health outcomes at 40 in the 1979 US National Longitudinal Study of Youth. Intelligence, 37(6), 573–580. https://doi.org/10.1016/j.intell.2008.12.002
Di Folco, C., Guez, A., Peyre, H., & Ramus, F. (2022). Epidemiology of reading disability: A comparison of DSM-5 and ICD-11 criteria. Scientific Studies of Reading, 26(4), 337–355. https://doi.org/10.1080/10888438.2021.1998067
Guez, A., Panaïotis, T., Peyre, H., & Ramus, F. (2018). Predictors of the IQ-achievement gap in France: A longitudinal analysis. Intelligence, 69, 104–116. https://doi.org/10.1016/j.intell.2018.05.008
Guez, A., Peyre, H., Le Cam, M., Gauvrit, N., & Ramus, F. (2018). Are high-IQ students more at risk of school failure? Intelligence, 71, 32–40. https://doi.org/10.1016/j.intell.2018.09.003
Koenen, K. C., Moffitt, T. E., Roberts, A. L., Martin, L. T., Kubzansky, L., Harrington, H., Poulton, R., & Caspi, A. (2009). Childhood IQ and Adult Mental Disorders: A Test of the Cognitive Reserve Hypothesis. American Journal of Psychiatry, 166(1), 50–57. https://doi.org/10.1176/appi.ajp.2008.08030343
Lavrijsen, J., & Verschueren, K. (2023). High Cognitive Ability and Mental Health: Findings from a Large Community Sample of Adolescents. Journal of Intelligence, 11(2), Article 2. https://doi.org/10.3390/jintelligence11020038
Peyre, H., Ramus, F., Melchior, M., Forhan, A., Heude, B., & Gauvrit, N. (2016). Emotional, behavioral and social difficulties among high-IQ children during the preschool period: Results of the EDEN mother-child cohort. Personality and Individual Differences, 94, 366–371.
Ramus, F. (2022, December 28). Le haut QI est-il un facteur de risque pour les troubles mentaux ? Ramus Méninges. https://ramus-meninges.fr/2022/12/28/haut-qi-troubles-mentaux-2/
Ramus, F. (2023, April 17). Les QI hétérogènes sont-ils un facteur de risque de psychopathologie ? Ramus Méninges. https://ramus-meninges.fr/2023/04/17/qi_heterogenes/
Ramus, F., & Gauvrit, N. (2017). La légende noire des surdoués. La Recherche, Mars 2017. https://ramus-meninges.fr/2017/02/03/la-pseudoscience-des-surdoues-2/
Rommelse, N., Antshel, K., Smeets, S., Greven, C., Hoogeveen, L., Faraone, S. V., & Hartman, C. A. (2017). High intelligence and the risk of ADHD and other psychopathology. British Journal of Psychiatry, 211(6), 359–364. https://doi.org/10.1192/bjp.bp.116.184382
Schmidt, F. L., & Hunter, J. (2004). General Mental Ability in the World of Work: Occupational Attainment and Job Performance. Journal of Personality and Social Psychology, 86(1), 162–173. https://doi.org/10.1037/0022-3514.86.1.162
Shevchenko, V., Labouret, G., Guez, A., Côté, S., Heude, B., Peyre, H., & Ramus, F. (2023). Relations between intelligence index score discrepancies and psychopathology symptoms in the EDEN mother-child birth cohort. Intelligence, 98, 101753. https://doi.org/10.1016/j.intell.2023.101753
Spearman, C. (1904). General intelligence, objectively determined and measured. American Journal of Psychology, 15, 201–293.
Toffalini, E., Pezzuti, L., & Cornoldi, C. (2017). Einstein and dyslexia: Is giftedness more frequent in children with a specific learning disorder than in typically developing children? Intelligence, 62, 175–179. https://doi.org/10.1016/j.intell.2017.04.006
Williams, C. M., Peyre, H., Labouret, G., Fassaya, J., Guzmán García, A., Gauvrit, N., & Ramus, F. (2023). High intelligence is not associated with a greater propensity for mental health disorders. European Psychiatry, 66(1), e3. https://doi.org/10.1192/j.eurpsy.2022.2343
Je ne trouve pas que ça réponde à la problématique.
Connaissant un peu la question, je ne sache pas que quiconque conteste que les « surdoués » réussissent en moyenne mieux que les autres.
La théorie des surdoués en souffrance à l’école dit que de nombreux surdoués, de mémoire il est parfois dit un tiers, se trouvent en échec scolaire.
Pour infirmer cette proposition, il faudrait commencer par montrer qu’il n’y a pas plus de surdoués que de non-surdoués qui sont en échec scolaire. C’est ceux qui sont en échec qu’il faut observer, pas ceux qui réussissent.
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Si la proposition est « de nombreux surdoués se trouvent en échec scolaire », alors le test est d’évaluer la proportion de surdoués qui sont en échec scolaire. C’est exactement ce que nous avons fait dans la première étude citée Guez et al. (2018).
Partir des élèves en échec et calculer la proportion de surdoués, ça testerait la proposition « les surdoués sont surreprésentés parmi les élèves en échec ».
Notez que si c’est ça la question d’intérêt, on peut aussi trouver la réponse à partir de nos données. Je vous laisse faire le calcul à partir des élèves qui ont moins de 10 au brevet.
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« La théorie des surdoués en souffrance à l’école dit que de nombreux surdoués, de mémoire il est parfois dit un tiers, se trouvent en échec scolaire. »
Mais bien sûr.
Je suis « en échec scolaire » dans mes dossiers psychiatriques. Et normalien, agrégé, ancien étudiant à l’X.
Expliquez-moi l’échec scolaire.
J’attends.
Cela fait plus de 20 ans qu’on me fait chier avec cette histoire.
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Bonjour,
Très intéressant.
J’ai deux questions cependant :
– évaluez-vous la proportion de HPI à 2,5% de la population, ou pensez-vous que ce pourcentage est sous-estimé, en l’absence de test systématique de QI ?
– votre étude évoque les troubles psychiques qui sont à distinguer je pense de l’ennui en classe et de ses conséquences (rêveries ou agitation, qui ne sont pas toujours de l’ordre d’un TDAH)… je note tout de même que les enfants sont souvent testés pour cette raison, et, parfois, pour justifier/motiver un saut de classe (qui me semble moins courant qu’il y a 20 ou 30 ans, au vu des quelques stats que j’ai pu trouver). Dire que les enfants HPI s’en sortent très bien, c’est une chose, dire qu’il faut à tout prix les laisser dans leur classe d’âge à l’école car ils ont de vraies capacités d’adaptation, sauf souci psy associé, c’est autre chose… surtout au regard de l’hétérogénéité des classes… et c’est un peu la conclusion que certains veulent tirer de votre étude. Qu’en pensez-vous?
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1ère question: si la distribution des scores est gaussienne, les HQI sont par définition 2,2% de la population. En réalité, il semble que les distributions observées dans des populations représentatives ne soient pas tout à fait gaussiennes mais aient des queues plus longues, ce qui augmenterait le nombre de HQI à 3-4%.
Par ailleurs, dans chaque étude particulière, ce pourcentage peut varier en fonction de l’échantillonnage de la population ou d’autres raisons. Par exemple, dans notre étude sur le panel 2007 de la DEPP, nous en avions moins que prévu parce que le test utilisé plafonnait un peu. A contrario, dans UK Biobank nous en avions plus que prévu parce que c’est une population qui est plus éduquée que la moyenne.
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2ème question: certains enfants à HQI sont juste les premiers de la classe et sont très heureux comme ça. D’autres sont très au-dessus du niveau de la classe et s’ennuient. Pour ces derniers, bien sûr, il faut trouver des solutions, et le saut de classe peut en être une.
Effectivement il semble y avoir moins de sauts de classe que par le passé, et c’est peut-être une erreur. En tous cas, aucun de nos résultats ne suggère qu’il faudrait priver les enfants très en avance et qui s’ennuient d’un saut de classe. Il faut évaluer la situation au cas par cas et chercher à chaque fois la meilleure solution.
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Je vous remercie pour vos deux reponses très complètes.
Je pense malheureusement que la « mode » HPI a fait beaucoup de mal, et que les clichés ont la vie dure. On oscille, s’agissant de l’éducation nationale et des échanges avec les parents, entre les fameuses légendes que vous dénoncez (imputer des problèmes de comportement au haut potentiel, à tort) et, à l’extrême inverse, une espèce de déni des différences de niveaux entre élèves. Dans des classes de 30 élèves, dont certains auraient pu bénéficier (je sais que ce mot peut faire polémique) d’un redoublement il y a 10 ans, comprenant des élèves maîtrisant parfois très mal la langue française… un petit HPI peut vite s’ennuyer et s’agacer de devoir attendre les autres…. sans être un génie pour autant. J’aurais aimé qu’une étude sur la prise en charge éducative des HPI (saut de classe, enrichissement ou absence de différenciation, scolarisation en établissement public/privé, en milieu favorisé ou non) et sur l’impact sur leur reussite scolaire/professionnelle et leur bien-être, puisse voir le jour.
Merci de vos réponses en tout cas.
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« Pour ces derniers, bien sûr, il faut trouver des solutions, et le saut de classe peut en être une. »
Pas forcément. J’étais premier ou second de la classe tout en étant branleur de premiere.
Le saut de classe n’a rien changé à cela. Je n’y ai vu absolument aucun intérêt.
De plus, nous n’avons pas à subir des oukases psychiatriques quant à notre saut de classe éventuel.
La medecine, c’est censée être pour les gens qui souffrent. Ce n’est pas son rôle que de soigner les pseudo-bobos des parents de « surdoués » sur le dos de leurs gosses.
En sommes: occupez-vous de vos fesses et lâchez les nôtres. Et n’instrumentalisez pas les autistes et les gens qui souffrent pour régler vos querelles avec la Gôchiste Education Nationale. (Puisque, essentiellement, toute cette histoire sur les surdoués est une querelles d’essence po-li-ti-que; et ce, sur le dos des gosses et des tarés.)
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Bonjour, j’ai bien apprécié la lecture de ce billet.
Moi, je n’ai pas passé d’évaluation concernant mon quotient intellectuel. En consultant les groupes dédiés aux HQI, j’avais l’impression d’être trop heureux pour être HQI, car de mon avis les publications sont plus négatives que positives.
Je suis heureux de prendre connaissance que ceux qui vont bien seraient plus à voguer à leurs occupations qu’à produire des publications à contenu négatif dans les différents groupes Facebook.
Ce n’est pas un problème existentiel pour moi de l’être ou pas. Je me suis beaucoup amélioré avec les années dans mes capacités, ce qui va à l’encontre de ce que j’ai lu sur le sujet en général, il semblerait que le Q.I ne s’améliore pas, sauf que moi, j’ai toujours eu l’impression d’avoir des inhibitions intellectuelles qui me bloquait mes facultés.
Évidemment, je n’ai pas réussi à l’école dans mon jeune temps, mais présentement, j’effectue un retour aux études depuis 3 mois et c’est tout le contraire qui s’opère, les enseignants disent que mon travail évolue très bien et ils m’ont fait sauter deux classes en français, vraiment j’ai été très étonné…
Je veux maîtriser la méthode scientifique pour publier mes articles dans des revues à comité de lecture… Pour l’instant, je n’ai aucune idée de ce qu’il en retourne dans ce domaine.
J’ai des particularités avec les autistes asperger et les hauts potentiels, mais bon je ne me prétends pas l’être par respect pour ceux qui l’ont passé ce test, car au Québec c’est assez dispendieux de se faire évaluer dans deux particularités.
Bonne journée…
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Cet article (par ailleurs salutaire) fait l’impasse sur deux raisons essentielles pour lesquelles cette légende s’est développée en France bien plus qu’ailleurs:
1) La mainmise de la psychanalyse sur la psychiatrie française, et le sous-diagnostic de l’autisme et surtout du tdah. Le discours sur le surdon présente l’avantage de ne pas être culpabilisant, et d’offrir un espoir au désarroi parental. Ce n’est pas un hasard si la description du surdon (bien que volontairement vague) contient de nombreux traits tdah. Il serait très intéressant de mesurer la prévalence du tdah chez les surdoués testés (je pense même qu’un dépistage systématique s’impose). Notons que le QI élevé retarde souvent le diagnostic TDAH (parce que bien souvent, ce sont les mauvais résultats scolaires qui conduisent au diagnostic), et que le TDAH est encore en France massivement sous-diagnostiqué..
2) La longueur des journées scolaires, qui amplifie l’ennui scolaire, dans un contexte où les contenus scolaires ne cessent de décroître. Notons que faire valoir la « souffrance » de l’enfant est souvent le seul moyen d’obtenir un saut de classe auprès de l’éducation nationale.
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Je plussoie.
L’article montre que ce sont des HPI qui ressentent le soin d’un diagnostic qui sont surreprésentés dans la vision à la mode. Il serait intéressant de voir combien des HPI qui ont ressenti ce besoin sont aussi concernés par le TDA avec ou sans H, ainsi que par le syndrome d’Asperger, sous-diagnostiqué chez les femmes notamment.
Le cloisonnement des spécialités n’aide pas: la psy qui m’a fait passer les tests HPI ne m’a pas parlé du TDA, le psychiatre qui m’a diagnostiqué TDA ne m’a pas parlé d’autisme de haut niveau, j’entame une troisième démarche diagnostique, tout cela s’étalant sur 6 ou 7 ans.
Votre réponse m’interpelle donc particulièrement: aurais-je ressenti le besoin de l’évaluation HP sans la présence des autres neuro-atypismes?
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Je me permets de poser la question à Franck pour lever une ambiguïté en vous lisant « Sophie » :
HPI et HQI est ce la même chose ou ce sont 2 concepts différents ?
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HQI on sait de quoi on parle: haut quotient intellectuel, avec le seuil à 130 étant le seuil conventionnel.
Haut potentiel intellectuel: le terme est moins factuel, il fait référence au devenir attendu d’une personne à haut QI. Comme c’est une hypothèse sur l’avenir plutôt qu’une description, je préfère utiliser HQI à HPI. Mais pour moi et beaucoup de gens, c’est strictement synonyme (et synonyme aussi avec surdoué).
Après certains psychologues utilisent HPI dans un sens différant, en inventant des critères alternatifs, en ajoutant des critères à celui du QI (par exemple sur la personnalité ou l’hypersensibilité), et aussi parfois en relâchant les critères sur le QI. Mais ces usages ne font aucun consensus.
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Bien sûr beaucoup de personnes qui consultent le font parce qu’elles ont un vrai trouble. Cela dit, il peut aussi y avoir des personnes HPI sans aucun trouble ni problème qui souhaitent juste faire un test et obtenir un score juste par curiosité ou pour valider leur propre sentiment d’être plus intelligentes que les autres. Mais elles doivent être une minorité, comme le suggère l’étude belge citée ci-dessus.
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Pour répondre à Tom, j’englobe sous le terme HPI le HQI.
Pour moi d’ailleurs le HPI ne se résume par au HQI: je détecte intuitivement le haut potentiel et j’ai orienté de nombreuses fois des personnes qui se sont avérées être HQI, à partir d’un faisceau d’indices. Or, je ne suis pas psy et ne fait pas passer de tests. Je perçois un ensemble impressionniste qui comprend des attitudes, qualités, névroses ordinaires que l’on retrouverait également chez des non HPI, mais qui, rassemblés et ajoutés à une certaine façon de raisonner (la fameuse « arborescence », qui ne recouvre peut-être pas une réalité neurologique, mais que, par effet miroir, ou par résonance, je reconnais chez l’autre), forment un tableau éloquent.
Alors bien sûr, il est possible que je reconnaisse surtout les HPI qui me ressemblent. J’ai également soupçonné des TDA qui ont ensuite été diagnostiqués et je repère pour partie l’autisme Asperger chez les femmes où il est tout sauf évident à mettre en lumière.
La seule fois ou le HQI n’a pas été confirmé dans le sens où le test était juste en dessous des 130, la personne s’est avérée avoir un TDA extrêmement actif non pris en charge + bordeline et peut-être bipolarité, qui ont pu altérer le score.
En outre, pour beaucoup de HPI, le score HQI serait hétérogène (il l’est pour moi) ce qui le rendrait invalide si l’on se réfère strictement au HQI.
Je n’ai pas de doute sur mon appartenance à ce groupe en dépit du score hétérogène, et me suis retrouvée grandement dans les phases I à IV de la théorie de la désintégration positive de Dabrowski.
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Pour ce que j’en sais, un profil de QI hétérogène n’invalide généralement pas le score total. Il faudrait vraiment que l’hétérogénéité soit telle qu’elle laisse supposer que le test n’a pas été correctement réalisé. De manière générale, il est important que la personne qui fait passer le test soit attentive à l’état du sujet, en bref que les résultats soient interprétés à la lumière des conditions de passation aussi, pas seulement en fonction des réponses aux items.
Je ne sais pas quels seraient les seuils « d’invalidation », mais si le QI total est supérieur à 130, il y a peu de chance d’avoir 1 sous-score hyper-performant et 3 autres absolument médiocres.
Pour ce qui est de reconnaître des HQI, il y a certainement des traits qu’on reconnaît chez qu’un qui a un finctionnement cognitif similaire au nôtre. Mais dans quel mesure reconnaissons-nous les HQI qui ont des personnalités et des expériences assez différentes des nôtres? Est-ce que cette reconnaissance est aussi bonne lorsque l’écart de QI est grand (repérer « un » 150 quand on a soi-même 130 ou inversément)? Il faudrait le mesurer de manière systématique pour répondre au-delà de l’impression personnelle.
Si des études ont éte menées sur la reconnaissance des surdoués entre eux (ou la capacité générale des gens à évaluer le QI des autres), ça m’intéresse!
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« Aurais-je ressenti le besoin de l’évaluation HP sans la présence des autres neuro-atypismes? »
Dans certains cas, le besoin d’évaluation d’un éventuel HQI, peut aussi répondre à un simple problème de confiance en soi.
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Merci pour cette article, c’est très clair.
Cependant, j’ai plusieurs questions en suspens et je ne sais pas si c’est étudié en tant que tel.
En ce qui concerne les personnes qui ont un haut QI qui souffrent et qui ont besoin d’une prise en charge. Est ce que c’est une donnée qui joue sur la prise en charge ?
Est-ce que leurs capacités cognitives
plus performantes permettent un rétablissement plus rapide ou une meilleure compensation (comme je l’ai entendu tant de fois?)
Est ce que le haut QI permet réellement une meilleure adaptation à gérer les échecs et traumatismes ?
Désolée pour la liste de questions mais ce sont des affirmations qui reviennent souvent de la part des professionnels de santé
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La question que vous posez est très difficile, parce qu’on n’a pas accès au contrefactuel: quel serait l’état de la même personne si elle avait un QI un peu plus faible toutes choses égales par ailleurs? Ne pouvant faire un essai randomisé contrôlé, impossible d’y répondre définitivement.
Les données observationnelles montrant une corrélation négative entre QI et anxiété suggèrent juste que l’intelligence joue un rôle protecteur, et donc probablement permet aussi une meilleure adaptation face aux échecs et traumatismes. Le contraire serait très étonnant. Et il me semble que ça concorde avec ce que disent beaucoup de cliniciens qui voient des personnes avec troubles psychologiques à tous les niveaux de QI.
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Bonjour,
Merci pour cet article intéressant.
Une question que je me pose souvent : quelle est la fiabilité et la pertinence de ces tests qi dans ces études pour quantifier l’intelligence d’un enfant ?
Est-ce que le milieu social et culturel de l’enfant est bien pris en compte ?
Par exemple j’ai lu que les enfants des quartiers défavorisés et populaires seraient défavorisées dans ce type de tests de qi par rapport à des enfants favorisés à cause des inégalités éducatives, culturelles et sociales qui apparaissent très tôt, l’enfant défavorisé étant moins bien outillé culturellement et éducativement pour réussir les tests de qi ? Est-ce que c’est juste ce que j’avance ?
Et si oui est-ce que ces tests intègrent cet éventuel biais social ?
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Non, le milieu social n’est pas pris en compte au sein d’un même pays. Les normes sont faites sur une population représentative de chaque pays.
Un test de QI n’est pas censé révéler un potentiel inné indépendant de toute influence environnementale (même si certains l’interprètent abusivement de cette manière). Il mesure juste un niveau d’intelligence générale à un moment donné. Cette intelligence est influencée à la fois par des facteurs génétiques et par des facteurs environnementaux, y compris sociaux et familiaux.
Du coup, on observe bien sûr une corrélation entre niveau socio-économique des parents et QI de l’enfant (environ R=0.3). Ce n’est pas un biais. C’est le reflet de tout un ensemble de facteurs qui influencent le développement cognitif.
Pour en savoir plus: https://ramus-meninges.fr/2020/05/20/infos-et-intox-sur-lintelligence-2/
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Merci pour le lien qui renvoie vers vos vidéos que je n’avais pas vu.
Ca m’a permis de mieux comprendre de quoi on parle quand vous parlez de tests de QI avec ce rappel du cadre expérimental dans lequel ce test doit être réalisé et l’objectif du test du QI (qui était prévu initialement par son créateur pour prédire le risque d’échec scolaire d’un enfant).
Les choses me paraissent plus claires maintenant sur le sujet.
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Merci pour cet article et tous vos travaux et publications que je suis. Par contre, étant psychologue ED, si vous aviez un truc pour le faire entendre aux parents, collègues et même hiérarchie je suis preneuse! La lecture de vos articles envoyés est souvent boudée et/ou réfutée….dur dur
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Bonjour M. Ramus,
Je m’écarte un peu du présent sujet mais je me permets de poser la question malgré tout. A t-on des nouvelles de la tendance observée il y a quelques années déjà (et qui avait copieusement défrayé la chronique) concernant le tassement, voire la décrue selon certaines interprétations, du Q.I moyen observé chez les occidentaux? Y a t-il eu , depuis, de nouvelles études venant confirmer ou infirmer ce constat?
Merci.
LG
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Eh non! ça ne baisse toujours pas:
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0160289623000314
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Effectivement.
Merci pour le lien.
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Bonjour,
Merci pour la mise au point. Quelques questions :
Concernant la prise en charge en classe : y-a-t-il une raison de réfléchir à l’accompagnement des HQI en particulier ?
Sur la question de l’ennui, on traite l’ennui pas l’ennui spécifique du HQI ?
Pour le saut de classe, on fait un bilan global incluant un test de QI pour évaluer la pertinence de ce saut de classe, mais le HQI est-il une condition indispensable au saut de classe ?
Merci
MA
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L’ennui à l’école est un vaste sujet qui concerne beaucoup d’élèves, ce n’est pas propre aux HQI! Bien sûr améliorer l’enseignement pour qu’il soit moins ennuyeux est un vrai enjeu, mais qui dépasse le sujet présent.
Pour les HQI, le problème qui mérite résolution, ce n’est pas l’ennui banal, mais un décalage très important entre le niveau de l’élève et de la classe, qui peut induire chez l’élève des symptômes problématiques comme trouble du comportement, dépression, isolement par rapport aux autres élèves, phobie scolaire, etc. Il y a différentes solutions possibles, à commencer par une pédagogie un peu différenciée pour donner à l’élève des activités plus stimulantes. Ça suffira pour certains, pas pour tous. Et bien sûr le saut de classe est aussi une bonne solution si l’enrichissement ne suffit pas.
Le HQI n’est en principe une condition ni nécessaire ni suffisante du saut de classe. Mais il est normal de vouloir vérifier que l’élève a suffisamment de ressources intellectuelles pour suivre dans le niveau supérieur, donc en pratique certains psychologues ou enseignants peuvent le considérer comme une condition nécessaire.
L’éducation nationale a un site et un vade-mecum pour l’accompagnement des EHP, qui est pas trop mal fait (certains ont beaucoup œuvré pour en expurger tous les éléments pathologisants que d’autres voulaient y mettre!):
https://eduscol.education.fr/1188/ressources-pour-la-personnalisation-des-parcours-des-eleves-haut-potentiel
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Bonsoir,
Je suis avec attention depuis plusieurs années toutes vos recherches et travaux menés et publiés au sujet du HPI.
Je rédige actuellement un mémoire de recherche de Master 2 en Sciences de l’Education sur les pratiques d’enseignement qui pourraient être utilisables et acceptables par les enseignants de collège ordinaire (en France).
J’ai déjà lu de nombreux articles présentant des mesures, adaptations et pratiques pédagogiques et d’enseignement qui sont préconisées pour les élèves à HPI, mais je recherche des articles scientifiques relatant des pratiques qui auraient été mises en œuvre et qui auraient fait leur preuve auprès d’élèves à HPI du second degré (collège de préférence). Je m’intéresse ici aux pratiques autres que les décloisonnements, sauts de classe et accélérations scolaires, qui je sais ont fait leur preuve.
Je cherche des pratiques d’enseignement qui ont été testées et approuvées et utilisables dans le cadre de l’inclusion scolaire en milieu ordinaire.
Auriez-vous des articles à me conseiller à ce sujet?
Je vous remercie.
Je me tiens à votre disposition pour toute information complémentaire.
Bien cordialement.
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Ce n’est pas ma spécialité, je vous renvoie à l’article de Nicolas Gauvrit, dernière section.
Le sujet est bien couvert dans le livre de référence « Psychologie du haut potentiel« .
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Bonjour,
Merci pour votre retour.
J’ai lu avec attention cet ouvrage, qui sert de référence majeure dans mon mémoire de recherche. Toutefois, si différentes mesures, adaptations et pratiques d’enseignement y sont présentées, il n’est nullement fait mention d’études concernant leur mise en œuvre auprès des élèves et si tel avait été le cas de leur efficacité.
Je vais prendre contact avec Nicolas GAUVRIT. Je vous remercie.
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Bonjour,
C’est très intéressant et définitif.
Le graphe de correlation de hqi et résultats scolaires ne va pas au delà de 140 de qi, c’est voulu ou est-ce la nature du test ?
Globalement, que se passe t-il au delà de deux écarts-type.
Y a t-il un effet génerationnel ? Les enfants étiquetés « surdoués » à l’école dans les années 80 ont ils pu être victimes de plus de harcèlement, en réponse à une différence identifiable ? (Nous savons combien la différence est bien acceptée en milieu scolaire).
A l’inverse est-ce que la recherche en pyschologie du hqi a apporté au fil du temps une meilleure prise en compte des forces et faiblesses spécifiques de cette population pour l’apprentissage ? Ou est-ce linéaire dans le temps ?
Quel est l’impact du milieu familial ? i.e., quelles caractéristiques des qi intra-familiaux entre les familles de hqi sans troubles, et celles des hpi en souffrance ? En d’autres termes quelles sont les conséquences de niveau de qi des parents (et des instituteurs selon les pays et pratiques éducatives) sur la prise en charge et par conséquent le devenir des hqi ?
Puique bon nombre de détections ont été réalisées suite à des troubles scolaires d’apparéce psychique, et sans être liées à un diagnostic de troubles psychiques adjacents, comment penser que le hqi n’ait pas été longtemps confondu, pour ce que vous appelez sa part « noire », avec des troubles psychiques ? Si les hqi peuvent dans certaines circonstances être confondus, par ignorance, avec des troubles psychiques, quelles conséquences pour le devenir ?
Ne serait-il pas envisageable en hypothèse qu’existent (au moins ) deux types de hqi sans troubles psychiques ? Le hqi « majoritaire » dont la neurologie est adaptée au travail scolaire (le « linéaire »), et le hqi minoritaire, inadapté scolairement (le « non linéaire ») et sujet à des troubles qui n’en sont que la conséquence ?
Ou doit on considérer par défaut un seul type de hqi ?
Bien cordialement
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Le graphique reflète les limites du test d’intelligence non-verbale utilisé par la DEPP dans cette étude: la distribution n’est pas gaussienne, les scores les plus élevés plafonnent légèrement. Du coup on n’a pas la résolution pour bien différencier les scores dans les top 2%. Mais les top 2% qui auraient des QI>140 dans d’autres tests sont bien sur ce graphique, ils ont juste des scores un peu sous-estimés. Ca ne change rien à la conclusion. La relation entre QI et résultats aux brevet serait encore plus évidente et linéaire si la distribution était parfaitement gaussienne.
Je ne suis pas sûr de comprendre toutes vos autres questions, ni d’avoir des éléments pour les autres.
Chaque individu est unique, y compris chaque individu avec HQI. Certains ont des problèmes d’adaptation, et on peut en faire une catégorie à part si on veut. Il faut juste garder à l’esprit que c’est nous qui créons les catégories, elles n’existent pas dans la nature.
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Bonjour,
Merci de ce retour sur les éléments de score.
Pour clarifier, en effet ces questions sont nourries par l’idée qu’il n’est pas exclu que les différences d’adaptabilité entre les hqi, ne soient pas dûes à des facteurs pathologiques (j’insiste sur ce point). La plupart des hqi ne vont pas mal, mais on peut aller mal à cause d’un hqi, et seulement à cause de cela.
Je ne crois pas plus que vous aux légendes, et j’ai observé de mes yeux :
a) les difficultés de certains hqi, avant détection, en milieu scolaire, dans des familles lambda,
b) l’incompréhension de l’environnement adulte (parents comme enseignants), l’enfant est vu comme « épuisant », « stupide », voire »fou », « autiste » (n’entend pas qu’on lui parle quand il lit) etc. et « devrait consulter ».
c) post-détection : l’efficacité indiscutable de certaines méthodes proposées par la « légende noire » heureusement conseillées par des psychiatres et pédopsychiatres diplômés. Ouvrages de sorciers, mais qui éduquent des parents et des enseignants et qui sauvent des gamins tous les jours.
En somme j’observe, avec beaucoup d’autres, que certains enfants hqi souffrent d’inadaptation au milieu scolaire, sans autre pathologie ou accident de vie.
Cela se produit souvent à des stades définis de la scolarité : l’ennui en primaire, ensuite au collège, puis au lycée, quand il s’agit d’apprendre des méthodes de travail que la plupart des autres enfants assimilent rapidement.
Les écoles spécialisées sont remplies de ce type de profils hqi « inexistants », qui décrivent pourtant souvent le même harcèlement, l’inadaptation au format scolaire en classe, et autres formes de souffrances. Problèmes levés dès l’emploi de méthodes adaptées; que ce soit dans ces écoles ou par une scolarisation à la maison.
Il pourrait être sage de réellement prendre en compte ces deux (?) réalités observables, et de continuer à reconnaitre la souffrance « hqi intrinsèque » de ces enfants, certes minoritaires, plutôt que de l’attribuer comme souvent aux parents ou à d’hypothétiques accidents de la vie, parce que d’autres ne souffrent pas.
Et d’analyser ces facteurs avant de valider et de légitimer définitivement la qualité de la sélection scolaire actuelle. Une conclusion qui serait évidemment tentante et évidemment biaisée pour quiconque est sorti gagnant de cette sélection.
Il y a d’autres pistes : imagination, sensibilité, rejet par les autres enfants ou pas…
Pour mémoire il y a quelques années (quelques mois ?) certain(e)s expliquaient que le qi ne mesurait rien d’autre que le niveau social des parents, en somme qu’il n’existait pas dans la nature… jusqu’à ce que l’imagerie médicale vienne confirmer une différence physique, neuronale, prédictible par des tests de qi. (Cerebral Cortex, vol.32 issue 11, juin 2022, univ. Amsterdam).
Juste un avis.
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Bonjour,
Suite à notre petite conversation de ce jour à Genève avant votre conférence au Intelligence Day, je vous envoie les références concernant la difficulté dans le monde professionnel à avoir des relations hiérarchiques avec des personnes ayant une différence de QI de plus de deux écarts types.
Ces documents sont plus sourcés que je ne l’ai laissé entendre.
Sandrine Rampont « Parfois Ingérables, Toujours Brillants » Eyrolles 2019 (p. 147) => https://michaelwferguson.substack.com/p/the-inappropriately-excluded repris de http://michaelwferguson.blogspot.com/p/the-inappropriately-excluded-by-michael.html
Pour les francophones, un article reprenant le message : http://www.douance.org/qi/exclusion.html
Je serai ravi d’avoir votre avis éclairé sur la question 🙂
Cordialement, et vous remerciant chaleureusement pour votre présence à cette conférence,
Nicolas.
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Merci pour la source. Comme vous pouvez le voir, cette source n’est pas une étude de recherche, mais un article de blog écrit par un non spécialiste qui croit avoir compris beaucoup de choses sur beaucoup de sujets: « A life long Polymath who, after a career of financial consulting, primarily to Fortune 500 companies, spends all his time learning, thinking and writing. » On en connait d’autres, des « polymaths » qui ont un avis sur tout.
Après il faut bien sûr regarder en détail, mais sur les affirmations-clés comme l’exclusion des très hauts QI des « professions d’élite », il ne donne simplement aucune source, juste quelques chiffres dont on ne sait d’où ils sortent. Et lorsqu’il donne des sources, ce sont majoritairement d’autres articles d’opinion et des livres écrits par des non-spécialistes, très peu d’articles scientifiques, et tous très anciens.
Si on voulait aller au fond des choses, il faudrait encore creuser chacune des sources citées, mais cette première analyse assez superficielle ne donne vraiment pas envie d’y consacrer le temps nécessaire.
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Bonjour, à l’issu de bilans effectués dans une structure publique pour l’évaluation du TDAH, ( pour mon enfant déjà diagnostiqué TSA chez un autre pédopsychiatre) , le pédopsychiatre de cette structure publique, m’apprend qu’il y a davantage de personnes porteuses de troubles chez les personnes hpi. Si j’en comprends les conclusions ici, les études épidémiologiques contredisent à ce sujet ce pédopsychiatre.
Il serait dans ce cas, regrettable d’entendre des contradictions d’études dans les cabinets de consultations.
Merci de rendre accessible les recherches sur ces sujets d’intérêt pour tous.
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Bonjour,
Pour les troubles de type dys, l’hypothèse du sous-diagnostic ne devrait jamais être balayée d’un revers de main. Ce n’est pas parce que les déficits spécifiques ne sont pas apparents durant la scolarité (ou durant une grande partie de la scolarité) qu’ils n’existent pas ou qu’ils ne poseront pas problème plus tard. L’absence de détection et de prise en charge peut même conduire par la suite à des difficultés majorées.
J’ai été personnellement testée avec un QI supérieur à 130, et durant mon enfance ou mon adolescence personne n’a jamais suspecté aucun trouble cognitif. Ma scolarité se passait correctement. Pourtant, sur la fin de mes études supérieures (Master) et lors de mon stage et de mon insertion professionnelle, j’ai rencontré des difficultés considérables. Les bilans approfondis réalisés à l’hôpital avec équipe pluridisciplinaire et neurologue ont révélé des troubles cognitifs importants : TDAH avec d’immenses difficultés au niveau des fonctions exécutives dites froides + dysgraphie, dyspraxie, dyspropioception, troubles neurovisuels et phonologiques…
Bref, je suis passée complètement sous le radar et mes difficultés/déficits n’ont jamais été pris en charge comme elles/ils l’auraient dû. Il semble que j’ai pu compenser spontanément pendant longtemps, mais à partir du moment où les demandes de l’environnement sont devenues plus importantes, plus gourmandes en ressources exécutives et attentionnelles, je me suis retrouvée en grande difficulté. Ces difficultés perdurent aujourd’hui et rendent ma situation dans l’emploi extrêmement compliquée et extrêmement précaire. On ne peut pas s’en rendre compte en regardant uniquement mon niveau de diplôme ou la CSP correspondant à mon dernier emploi. J’étais cadre supérieur hier, je suis au chômage aujourd’hui, je serai peut-être au RSA demain.
A cause de ma réussite scolaire relative, et en dépit de ma reconnaissance MDPH, je peine à faire reconnaître pleinement mes déficits. Je sais que mon cas n’est pas typique, mais j’aimerais que les besoins et les difficultés des gens dans ma situation (car nous existons !) soient mieux pris en compte. Merci de ne pas nous invisibiliser. J’apprécie la rigueur avec laquelle vous abordez le sujet, mais vous pourriez parler de la tendance générale et cependant nous consacrer quelques paragraphes !
PS : je trouve que le terme de « râtés » présent dans le titre de l’une de vos conférences est inutilement stigmatisant. Que l’on soit surdoué, handicapé ou les deux, et quel que puisse être notre statut social / notre parcours de vie, nous ne méritons pas ce type de qualificatif. Personne ne le mérite à mon avis.
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Concernant le fait de vous invisibiliser, merci de relire le dernier paragraphe de cet article (et de tous les autres sur le sujet).
Concernant le terme de « ratés », si vous avez écouté la vidéo, vous avez dû remarquer qu’il s’agissait d’un mythe que je m’employais à démonter.
Concernant votre témoignage, je ne sais pas quoi dire. Je connais bien les troubles neurodéveloppementaux et en particulier les troubles des apprentissages. Je ne sais pas comment il est possible d’avoir « des troubles cognitifs importants : TDAH avec d’immenses difficultés au niveau des fonctions exécutives dites froides + dysgraphie, dyspraxie, dyspropioception, troubles neurovisuels et phonologiques » et malgré tout d’avoir une scolarité normale jusqu’au master. Même avec un haut QI qui modèrerait les problèmes, je ne conçois pas comment c’est possible.
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Je voudrais ajouter que dans les cas comme le mien (HQI avec troubles cognitifs multiples), les choses se jouent parfois à très peu. J’ai dans ma famille (fratrie notamment) des personnes aux profils très similaires dont la scolarité a été très vite écourtée.
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Bonjour, c’est un article intéressant qui va à l’encontre des croyances populaires. Une autre croyance est que les HQI ont plus de TSA (trouble du spectre de l’autisme), avez-vous des données à ce propos ?
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Je ne connais pas de données qui viennent à l’appui de cette hypothèse. Mais contrairement à d’autres troubles, je ne connais pas de données qui aillent clairement à l’encontre, donc pour l’instant je m’abstiendrai de conclure.
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