Une consultation est actuellement en cours (du 6 novembre au 25 novembre 2017) sur la Stratégie Nationale de Santé. Dans le volet Enfance de cette stratégie nationale, les troubles dys (troubles spécifiques du langage et des apprentissages) sont identifiés comme l’un des enjeux majeurs (p. 76). Pourtant, parmi les mesures annoncées, ils semblent être largement oubliés… ou plutôt ils semblent avoir été vendus aux pédopsychiatres psychanalystes.

En effet, après un long paragraphe déjà consacré aux troubles psychiques, on peut lire le paragraphe suivant: « Organiser sur chaque territoire des filières de prise en charge des troubles psychiques et dys en renforçant notamment l’offre en centre de référence et en pédopsychiatrie« .

Les connaisseurs de la question reconnaîtront là immédiatement le lobbying des CMPP (centres médico-psycho-pédagogiques), des structures médico-sociales gérées par des pédo-psychiatres et peuplées de professionnels essentiellement d’orientation psychanalytique (à de rares exceptions près), qui par leur maillage serré du territoire semblent idéales pour remplir la mission ainsi définie.

L’amalgame entre troubles psychiques et troubles dys est inexcusable, quand on sait que les enfants avec troubles dys ont souffert pendant des décennies de n’avoir pas été reconnus comme tels, mais d’avoir étés vus exclusivement sous l’angle  psychanalytique du conflit psychique engendrant un « symptôme » dans les apprentissages. (relisons à ce sujet Françoise Dolto sur la dyslexie, sur la dyscalculie, ou Bernard Golse)

L’idée d’orienter les troubles dys de manière privilégiée vers la pédopsychiatrie est inacceptable, quand on sait que cette spécialité, sous sa forme psychanalytique encore prédominante, concentre les plaintes des familles pour refus de diagnostic, retard au diagnostic, diagnostic erroné (dysharmonie, troubles de l’attachement…) et mise en accusation inappropriée des parents (voir « Les enfants dys aussi sont victimes de la psychanalyse« ). Les CMPP se sont malheureusement largement illustrés dans cette forme d’incompétence. Si le gouvernement a vraiment à cœur la qualité des soins pour les enfants et des adolescents, il doit écarter les CMPP de tout réseau de prise en charge des troubles dys.

Le plan national de santé doit prévoir des dispositifs distincts pour les troubles psychiques et les troubles dys, qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Les structures qui peuvent prendre en charge les troubles dys doivent réunir des compétences multiples, et en premier lieu relevant de la neuropédiatrie, de la neuropsychologie et de l’orthophonie. Par ailleurs, constatant les carences dans la formation initiale et continue des professionnels sur le sujet des troubles dys, le plan national de santé devrait inclure un plan national de formation de tous les professionnels concernés.


  1. « Une place doit être faite à la question débattue du rôle des non-dits, des secrets de famille et des « squelettes dans le placard » (Smirnoff). Il est probable que, dans un certain nombre de cas, au-delà de leur rôle dans la structuration et de l’organisation du groupe familial, ces non-dits peuvent avoir un rôle entravant au niveau de l’enfant à l’égard de ses possibilités d’apprendre. Comment apprendre, en effet, quand il est interdit de savoir ? » Golse, B. (2002). Apprentissages et échecs scolaires : aspects psychodynamiques. Journal français de psychiatrie, 15, 9-12.