Lettre adressée le 22/09/2017 à Monsieur Jean-François Balaude, président de l’université Paris Nanterre

Monsieur le président, cher collègue,

Je viens de prendre de connaissance du courrier qui vous est adressé par M. Gérard Pommier dans le but de contester la tenue du colloque « TDAH et accès aux soins » se tenant dans votre université le 29 septembre 2017.

Les arguments avancés par M. Pommier sont les suivants :

Oui, les enfants avec TDAH souffrent, lorsqu’ils ne reçoivent pas de diagnostic valide et conforme aux connaissances scientifiques à jour, et lorsqu’ils ne bénéficient pas d’une prise en charge appropriée à leur trouble. Autrement dit, les enfants avec TDAH souffrent lorsqu’ils sont victimes des pratiques que M. Pommier et ses collègues entendent défendre.

L’association HyperSupers TDAH France œuvre courageusement depuis de nombreuses années pour faire cesser ces pratiques archaïques, pour obtenir la reconnaissance de la spécificité des enfants avec TDAH, et pour obtenir des prises en charge adaptées et leur pleine inclusion dans la société. Pour ce faire, elle organise notamment un colloque annuel réunissant des scientifiques compétents sur le TDAH et reconnus par leurs pairs au niveau international. Elle n’a aucune raison de donner la parole à M. Pommier et ses collègues qui ont dominé la psychologie et la psychiatrie française et monopolisé l’offre de soins en santé mentale pendant 50 ans, et qui sont largement responsables de la piteuse situation actuelle concernant le TDAH, l’autisme, et bien d’autres troubles.

L’Université Paris Nanterre a tout lieu d’être fière d’accueillir ce colloque, et d’apporter ainsi sa petite contribution à l’amélioration du sort des enfants avec TDAH. Il ne vous aura pas échappé que la lettre de M. Pommier est une tentative désespérée de faire perdurer le status quo et de réserver le marché que constituent les enfants avec TDAH à ses collègues psychanalystes (un conflit d’intérêt qu’il se garde bien de déclarer), au mépris des connaissances scientifiques et sans aucun égard pour l’intérêt des personnes concernées. Je ne doute pas que vous saurez faire fi de telles intimidations, et que vous aurez d’autant plus à cœur d’être présent comme prévu à l’introduction du colloque pour manifester aux participants votre soutien plein et entier.

Bien cordialement,

Franck Ramus
Directeur de recherches au CNRS, professeur de psychologie attaché à l’ENS
Membre du comité scientifique de la Fédération Française des Dys

PS : je précise que je ne suis pas intervenant au colloque, que je ne suis pas adhérent à l’association qui l’organise, ni membre de son comité scientifique, et que je n’ai aucun lien d’intérêt avec cette association ni avec des laboratoires pharmaceutiques. Ma déclaration publique d’intérêts peut être consultée ici :